Politique

Sandrine Rousseau convoque la Cinémathèque après un choix de programmation « délirant »

CINÉMA – Sandrine Rousseau vent debout contre Le dernier tango à Paris. Ce vendredi 13 décembre, la députée a déclaré sur X vouloir convoquer les responsables de la Cinémathèque française, où doit se tenir une projection décriée du long-métrage controversé de Bernardo Bertolucci ce dimanche 15 décembre.

« En tant que présidente de la commission d’enquête sur les violences sexuelles et sexistes dans le cinéma, l’audiovisuel et le spectacle vivant, je convoque la Cinémathèque sur ce choix délirant de projection du film et du viol dont il a été l’occasion », écrit Sandrine Rousseau sur le réseau social, en commentaire d’un tweet de Télérama, qui partageait un article sur le sujet.

Dans cette enquête publiée ce même vendredi, l’hebdomadaire explique que la projection du film n’est accompagnée d’aucune mise en garde ou d’accompagnement pédagogique. À la place, sa présentation sur le site de la Cinémathèque précise que « le film conserve la même odeur de soufre tandis que la passion dévastatrice d’un couple d’inconnus interroge les rapports entre le sexe et la société ».

Culture du viol

Or, le film a non seulement détruit la carrière de son actrice principale Maria Schneider, mais aussi sa vie. En cause notamment, une scène dans laquelle Marlon Brando utilise une motte de beurre en guise de lubrifiant pour sodomiser la comédienne âgée de 19 ans à l’époque.

Cette scène n’était pas prévue au scénario. Elle a été discutée sans l’avis de l’actrice quelques minutes plus tôt entre Brando et Bertolucci. C’est ce que Maria Schneider a déclaré dans la presse au moment de la promotion du film, dénonçant par là même des conditions de tournage humiliantes.

Sur Instagram, Chloé Thibaud, journaliste et autrice de Désirer la violence : ce(ux) que la pop culture nous apprend à aimer, a été la première à dénoncer le choix de programmer Le dernier tango à Paris à la Cinémathèque. « Non, cinquante après sa sortie, ce film n’a qu’une seule et même odeur : la culture du viol », écrit-elle.

Cette dernière ne plaide pas pour sa déprogrammation, mais pour un accompagnement des spectateurs lors de la projection, comme une table ronde ou un temps de parole. Elle propose aussi une projection de Maria de Jessica Palud, un film délicat retraçant le destin brisé de l’actrice française, 50 ans avant la naissance du mouvement #MeToo du cinéma en France.

La Cinémathèque répond

Chose à quoi, le directeur de la programmation s’est opposé. « Il est dans les missions de la Cinémathèque française, et l’a prouvé depuis sa création, de montrer toute l’histoire du cinéma et de projeter, parfois, des œuvres que certains peuvent juger, pour des raisons morales, problématiques et dont d’autres voudraient empêcher la projection », explique Jean-François Rauger dans un mail, que le collectif Nous toutes a rendu publique.

Le programmateur dit se charger lui-même d’une présentation du film « et de ses enjeux » en amont. « Se cacher derrière des arguments sur la liberté des spectateurs et spectatrices ou sur la mission patrimoniale de la Cinémathèque ne peut ni nous dédouaner de nos responsabilités, ni justifier la glorification d’une œuvre qui met en scène le viol d’une actrice », répond le collectif féministe.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, aucune nouvelle information n’a été donnée par cette institution du cinéma. Ce n’est toutefois pas la première polémique en la matière pour la Cinémathèque, qui en 2017 a essuyé un vent de critique pour sa rétrospective dédiée à Roman Polanski. La même année, elle avait décidé de déprogrammer celle pour Jean-Claude Brisseau, cinéaste également condamné pour violences sexuelles.

À voir également sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.