« Sécurité des Jeux olympiques et paralympiques : comment transformer l’essai ? »
TRIBUNE – La réussite des Jeux olympiques et paralympiques en matière de sécurité ne doit pas rester une « parenthèse enchantée ». Toutes les leçons de ce succès doivent être tirées. Il convient d’abord de souligner qu’il n’est nul hasard dans cette réussite qui relève de plusieurs facteurs.
C’est en premier lieu le fruit d’un long travail préparatoire mené sous la houlette de l’État, qui a su fédérer tous les acteurs : policiers et gendarmes, militaires, sécurité privée, police municipale de Paris et des villes hôtes et surtout assigner à chacun, en amont et pendant les Jeux, une place et un rôle dans le dispositif, conformes à leurs moyens et leurs compétences légales. Aux policiers, gendarmes et militaires la présence d’ordre public pour prévenir et lutter contre la délinquance et mener la lutte contre le terrorisme, aux agents privés la sécurisation à l’entrée et l’intérieur des sites de compétition, aux policiers municipaux la sécurisation des zones de festivité, la présence d’ultra-proximité pour assurer la tranquillité publique et la préparation des courses.
C’est d’une certaine façon l’illustration concrète de la mise en œuvre de ce concept théorisé par les spécialistes de « coproduction de sécurité » (certains préfèrent évoquer le « continuum de sécurité »). Il faut ajouter aussi le rôle de la justice dont le renfort de moyens et l’organisation pendant la période ont permis de raccourcir la chaîne pénale : accélération des enquêtes, multiplication des audiences de comparution immédiate permettant des réponses judiciaires rapides.
C’est là une première leçon pour la suite : la coordination des acteurs, leur pleine mobilisation dans le strict cadre de la compétence qui est la leur, sans concurrence, ni volonté de substitution des uns par rapport aux autres est une des clés de la réussite en matière de sécurité.
Qui n’a pas été frappé par la grande disponibilité des agents sur le terrain ? Les liens qui ont pu être établis avec le public, différents de ce à quoi ressemble habituellement la relation entre la police et la population ?
La sécurité lors des Jeux olympiques et paralympiques c’est ensuite, concernant les forces de sécurité de l’État, le grand retour d’une police de proximité, d’une façon différente de « faire la police ». Qui n’a pas été frappé par la grande disponibilité des agents sur le terrain ? Les liens qui ont pu être établis avec le public, différents de ce à quoi ressemble habituellement la relation entre la police et la population ? Cette disponibilité, rendue possible bien sûr par le contexte festif et exceptionnel de l’événement, montre qu’il est possible de modifier substantiellement la doctrine d’emploi de la police.
Celle-ci doit bien sûr rester une force de sanction et d’intervention qui sache réprimer avec détermination les délinquants. Mais pas uniquement. Le service au public, la présence visible dans les rues à pieds, la prévention et la dissuasion, la réponse aux interpellations diverses ont indubitablement contribué à la pacification de la ville et donc à une meilleure sécurisation. Tout le monde s’en est trouvé ravi. Le public bien sûr, mais aussi les policiers eux-mêmes qui ont pu voir en cette relation et cette reconnaissance du public une gratification, source de motivation, dont malheureusement ils n’ont que trop peu l’habitude.
C’est la deuxième leçon de ces jeux en matière de sécurité : la police est avant tout un service qui doit être rendu au public, un service public chargé de prévenir, rassurer, accompagner, en plus de réprimer.
La sécurité pendant les Jeux, ce fut enfin le nombre exceptionnel de policiers, gendarmes et policiers municipaux mobilisés pour l’occasion. La présence nombreuse sur le terrain permet de prévenir et dissuader la commission d’actes de délinquance mais aussi d’agir rapidement et instantanément pour interpeller les auteurs et les traduire en justice.
C’est la troisième leçon de ces Jeux : la présence policière massive et visible sur le terrain, « du bleu dans les rues », est une condition majeure de la réussite en matière de sécurité. C’est pourquoi renforcer la coordination au plus près du terrain (pourquoi pas la confier aux maires ?), renouveler la doctrine d’emploi des polices et recruter massivement sont incontestablement les clés pour que les Jeux ne soient pas une parenthèse en matière de sécurité.
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