Sexisme, rumeurs… L’expérience amère de Borne sur sa vie privée à Matignon
POLITIQUE – Élisabeth Borne refuse de parler d’« enfer de Matignon ». C’était le nom d’un livre écrit par la journaliste Raphaëlle Bacqué qui racontait, en 2008, comment les Premiers ministres successifs sortaient lessivés de leurs fonctions. Pour l’ex-préfète, l’enfer, le vrai, c’est celui qu’a vécu son père, juif d’origine russe, rescapé d’Auschwitz et de Buchenwald. Pourtant, ses vingt mois passés dans les plus hautes sphères de l’État n’ont pas été de tout repos.
Dans un livre publié ce mercredi 23 avril, Élisabeth Borne revient sur cette longue période marquée par des réformes impopulaires (les retraites, l’immigration…) et des coups de poignard dans le dos. « Quand vous êtes une femme, en politique, vous êtes regardée différemment : vous êtes critiquée sur votre tenue, sur votre look, sur votre façon de manger », a-t-elle exposé au micro de France Inter.
L’appétit de l’ex-Première ministre a été analysé et décortiqué sous tous les angles. Celle qui avait expliqué être « quasi-végétarienne » n’était pas réputée pour être une grande mangeuse, et avait notamment imposé un repas végétarien une fois par semaine à Matignon. Les comparaisons ont été cruelles avec un Jacques Chirac beaucoup plus porté sur la fourchette, heureux de dévaler les stands du Salon de l’Agriculture pour y goûter tantôt des plateaux de fromage, tantôt une tête de veau. « Vous êtes renvoyée en permanence à des codes masculins. Les femmes qui veulent s’engager en politique sont confrontées à ce sexisme qui perdure », tranche Borne.
Il y eut aussi les rumeurs sur sa sexualité : certains lui ont prêté une relation avec l’ancienne secrétaire d’État Clotilde Valter. Ce qu’elle a toujours démenti, révélant être en couple. Sauf que le nom de son prétendu compagnon, Patrice Obert, est en réalité… pacsé à une autre femme. C’est ce que révélait le livre La Secrète de Bérangère Bonte, dont Élisabeth Borne a tenté d’empêcher la parution, du moins avec ces passages sur sa vie privée.
« Des rumeurs incompréhensibles »
Sur France Inter ce 23 octobre, l’ingénieure de formation ne bouge pas d’un iota. « Ces rumeurs permanentes étaient incompréhensibles, a-t-elle confié. Des tas de femmes et d’hommes politiques n’ont aucun problème pour dire qu’ils sont homosexuels : si je l’avais été, je n’aurais eu aucun problème pour le dire ». Elle explique même avoir trouvé ça « incroyable qu’on puisse imaginer » qu’elle soit lesbienne. Dans son livre, elle écrit : « J’ai toutes les raisons de croire que mon propre camp politique les a lancées ». Avant d’ajouter : « Des conseillers, dont certains se donnent de l’importance en laissant supposer qu’ils en savent plus que les autres, ou qui sont parfois téléguidés, et des personnalités de la majorité qui ne me connaissent pas bien ont dû se dire que ça rendrait mon “personnage” plus intéressant. »
Le plus dur a sans doute été son départ contraint de Matignon. Elle n’a pas bien compris pourquoi elle devait à tout prix être remplacée. « En entreprise, quand vous avez de bons résultats et un compte d’exploitation qui va bien, vous vous imposez. En politique, les règles sont moins claires », expose celle qui ne digère toujours pas vraiment son éviction.
Remerciée par Emmanuel Macron au début du mois de janvier, Élisabeth Borne assure avoir été immédiatement « frappée » par les commentaires de ceux qui rappelaient qu’elle avait tenu plus longtemps qu’Édith Cresson. « Il y a deux catégories de Premier ministre : les vrais, les hommes, et puis les femmes », finit par dire l’actuelle députée du Calvados. Un épisode qui traduit une fois de plus à ses yeux, « une forme de sexisme qui reste bien présente en politique ».
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