Soupçon de corruption, liens avec le Qatar… Ce député quitte le groupe écologiste
POLITIQUE – Le groupe écologiste va passer de 23 à 22 députés. Un an après les révélations de l’enquête journalistique « Story Killers », qui avait dévoilé l’ingérence d’intérêts étrangers dans les journaux télévisés de Rachid M’Barki, ancien journaliste de BFMTV, la justice soupçonne désormais le député écologiste Hubert Julien-Laferrière d’avoir été payé par des puissances étrangères, dont le Qatar.
En conséquence, ce dernier a annoncé ce jeudi 15 février quitter le groupe écologiste pour « préserver la sérénité du travail parlementaire de ses collègues ». Selon un communiqué transmis par son avocate à l’AFP, le député « découvre une énième fois dans la presse les accusations portées à son encontre » et déplore une « violation du secret de l’instruction ».
S’il « réfute avec force les accusations dont il est objet, il tient à le faire dans le cadre de la procédure judiciaire en cours et, à ce stade, nulle part ailleurs. Dans l’attente de cette audition qu’il souhaite voir fixée dans les meilleurs délais, il se retire du groupe parlementaire des écologistes afin de préserver la sérénité du travail parlementaire de ses collègues », est-il écrit.
Dans un communiqué distinct, les députés écologistes confirment ce départ et soulignent que la dernière enquête menée entre autre par Radio France, Le Monde et Forbiden Stories « dévoile de nouvelles informations, jusqu’alors inconnues du Groupe Écologiste. Les agissements décrits, s’ils sont avérés, contreviennent à l’impératif de probité, qui doit régir la vie politique », estiment-ils.
Soupçons de promotion du LimoCoin et de liens avec le Qatar
Ancien socialiste, macroniste puis écologiste, Hubert Julien-Laferrière est soupçonné d’avoir fait la promotion d’une cryptomonnaie contre d’éventuelles contreparties. Plus précisément, les magistrats financiers enquêtent pour savoir si l’élu du Rhône a fait la promotion en février 2022 du LimoCoin, un crypoactif qui s’est avéré être une escroquerie, à la demande du lobbyiste Jean-Pierre Duthion – comme le révélait Mediapart en février 2023.
Son bureau avait été perquisitionné fin septembre à l’Assemblée nationale. Ces investigations sont menées dans le cadre de l’enquête ouverte par le Parquet national financier (PNF) notamment pour des chefs de trafic d’influence, corruption d’agent public français et corruption privée, qui vise aussi des soupçons d’ingérence étrangère, notamment via Jean-Pierre Duthion, dans le travail de l’ex-journaliste de BFMTV Rachid M’Barki.
Le 22 mars 2023, devant la commission d’enquête parlementaire sur les ingérences étrangères, le présentateur de BFM Rachid M’Barki avait nié toute corruption. Cependant, début décembre, il avait reconnu avoir reçu plusieurs fois des enveloppes d’argent liquide, entre 6 000 et 8 000 euros, de la part du lobbyiste Jean-Pierre Duthion, en échange de la diffusion d’informations.
Selon l’enquête du Monde publiée ce 15 février, Hubert Julien-Lafferière aurait perçu au moins 5 000 € par mois pendant près d’un an. La majeure partie de cet argent « provenait en grande partie d’une ambassade qatarie et du Comité national des droits de l’homme, un organisme d’État qatari », note le journal. Les sommes transitaient par des intermédiaires, notamment Jean-Pierre Duthion. Le lobbyiste se serait par ailleurs vanté en privé de son emprise sur le député.
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