Stanislas blanchi dans le rapport final ? Les inspecteurs mettent en cause la N °2 du ministère
EDUCATION – Des faits « très graves », selon l’une des responsables de l’enquête sur le collège-lycée parisien Stanislas. Auditionnés ce mercredi 21 mai à l’Assemblée nationale, ces inspecteurs ont pointé le rôle de l’ex-cheffe de l’Inspection générale, actuelle numéro deux du ministère de l’Éducation nationale, dans l’ajout d’un paragraphe très critiqué à la lettre de conclusion de la mission.
Cette lettre de transmission, qui se veut être la synthèse du rapport, a été ces dernières semaines au cœur d’une polémique autour d’une possible intervention pour minimiser les faits constatés à Stanislas. Une version des faits que confirment des inspecteurs chargés de l’enquête.
« Il y a eu un ajout » à la lettre de transmission conclusive de la mission à destination du ministre de l’Éducation nationale d’alors, Gabriel Attal, et « il a été fait par la cheffe de service » Caroline Pascal, a indiqué Patrick Allal, pilote de la mission au départ avant d’en devenir co-référent et relecteur du projet de rapport.
La lettre de transmission a été « modifiée par la cheffe de l’Inspection générale » de l’Éducation, du Sport et de la recherche (IGESR), actuelle Directrice générale de l’enseignement scolaire (Dgesco) au ministère, a également souligné Roger Vrand, pilote de la mission, devant la commission d’enquête parlementaire sur les violences scolaires, à l’Assemblée nationale. Celle-là même qui a procédé à l’audition musclée de François Bayrou sur l’affaire Bétharram, le 14 mai dernier.
Un paragraphe « dédouanant le collège Stanislas »
L’enquête sur Stanislas, établissement catholique privé sous contrat parisien, avait été commandée en février 2023 par l’ex-ministre de l’Éducation Pap Ndiaye après des accusations de dérives homophobes et sexistes relayées dans la presse. Le rapport, sévère, rendu en juillet 2023, avait été dévoilé par Mediapart en janvier 2024.
La commission parlementaire avait décidé d’auditionner les inspecteurs de cette mission après avoir reçu un courrier d’une inspectrice, assurant qu’un paragraphe « lourd de sens et de conséquences, dédouanant le collège Stanislas », avait été ajouté à la lettre conclusive.
La commission a ensuite reçu une deuxième lettre d’une autre inspectrice, mettant également en cause ce paragraphe. Celui-ci indique notamment qu’« au terme de la mission, l’équipe ne confirme pas les faits d’homophobie, de sexisme et d’autoritarisme mis en avant par les articles de presse à partir de témoignages anciens ».
Le rapport « dit exactement le contraire »
« J’endosse totalement le rapport, mais […] je n’endosse pas cette lettre de transmission, parce qu’elle dit exactement le contraire », a indiqué devant la commission l’inspectrice Annie Dyckmans. « Ça discrédite l’inspection générale », a-t-elle ajouté. « C’est mon intégrité professionnelle qui est remise en cause et c’est très grave ». « Je ne suis pas d’accord » avec cette lettre, a renchéri l’inspectrice Françoise Boutet-Waïss.
Patrick Allal a estimé que cet ajout « répondait à une préoccupation du cabinet » du ministre, qui souhaitait avoir des réponses sur les accusations dans la presse. « Mais la lettre, quand on la lit en entier, est fidèle au rapport. Pour moi, il n’y a pas eu de dénaturation », a-t-il jugé.
À voir également sur Le HuffPost :
La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.