Politique

Sur le droit du sol, le gouvernement essaie de fermer la boîte de Pandore qu’il a lui même ouverte

POLITIQUE – Ce qui se passe à Mayotte, reste à Mayotte. Marie Guévenoux confirme, vendredi 17 février, que la fin du droit du sol annoncée par Gérald Darmanin une semaine plus tôt sera limitée à l’île de l’océan indien, département en proie à une immigration incontrôlée. La ministre déléguée chargée des Outre-Mer fustige, dans un entretien au Figaro, ceux qui font preuve de « paresse intellectuelle » en demandant son extension.

« Mayotte ne deviendra ni un eldorado administratif ni un laboratoire pour le RN. La situation dans l’archipel est incomparable avec le reste de l’Hexagone et la malhonnêteté intellectuelle dont fait preuve l’extrême droite n’y changera rien », explique celle, pour qui « il n’y a rien de fondé à mettre fin au droit du sol dans l’Hexagone. »

Il faut dire que l’annonce de Gérald Darmanin est certes soutenue sur place par les manifestants qui bloquent les routes et par certains élus locaux. Mais elle est critiquée par la gauche, certaines voix dans la majorité, et plusieurs acteurs de la défense des droits de l’homme. Elle a, en prime, débridé les propositions de la droite et de son extrême en la matière.

Guévenoux répond à Larcher

Outre le Rassemblement national et Reconquête, qui se sont rapidement enorgueillis d’une nouvelle « victoire idéologique », demandant la fin du droit du sol sur tout le territoire français, plusieurs personnalités des Républicains se sont rapidement engouffrés dans la brèche.

Favorable à la réforme envisagée par l’exécutif, qui passera par une modification de la Constitution, le président du parti Éric Ciotti a lui aussi réclamé cette application à l’Hexagone. Ceci, dans les mêmes termes ou presque que l’extrême droite.

Bien que favorable à « ce droit qui constitue notre histoire », son collègue Gérard Larcher, le président du Sénat, a pour sa part plaidé pour un « débat » qui « ne se limite pas seulement à Mayotte », jeudi sur BFMTV, et s’étend à d’autres territoires d’Outre-mer. La question s’est récemment « posée pour la Guyane (et) Saint-Martin », dans le cadre de la loi immigration votée en décembre, mais cette mesure a été retoquée par le Conseil constitutionnel « pour des raisons de forme », a-t-il ainsi rappelé.

Étendre les discussions ? C’est non, répond en substance le gouvernement. « Il y a une spécificité à Mayotte, qui appelle une réponse unique », martèle Marie Guévenoux dans son entretien, vendredi, reconnaissant « des problèmes migratoires » en Guyane, « mais dans un contexte tout à fait différent. On ne compare pas les territoires. »

Pour la ministre, « regarder les Outre-mer comme un tout » est « blessant pour les populations concernées et c’est une erreur sur le fond. » Message reçu ? Les Républicains ont en tout cas les moyens de faire monter les enchères, leurs voix sont indispensables au camp Macron s’il veut faire passer une réforme constitutionnelle.

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