Sur le voile dans le sport, Macron invoque la charte olympique sauf que…
POLITIQUE – Un flou persistant… Lors de sa très longue interview sur TF1 mardi 13 mai au soir, Emmanuel Macron a notamment été interpellé par la championne de France amatrice 2024 en haltérophilie, Sylvie Eberena. Concernée par le sujet, la sportive, licenciée dans le Val-d’Oise, a interrogé le chef de l’État sur son positionnement en matière de voile dans le sport.
Le sujet a agité les parlementaires il y a encore quelques semaines, une proposition de loi LR interdisant les signes religieux pendant les compétitions, y compris en amateur, ayant été votée au Sénat. Le gouvernement a promis son inscription à l’agenda de l’Assemblée rapidement.
Défavorable au port du voile dans les compétitions sportives, Emmanuel Macron a notamment argué de « la charte olympique qui interdit tout port de signe religieux dans les compétitions ». Dans la pratique du sport hors compétitions, « c’est aux fédérations (sportives) de décider, a-t-il ajouté. Dans les infrastructures (sportives), pour aller s’entraîner et initier, il faut là du pragmatisme et notre loi ne l’empêche pas (le port des signes religieux) ».
Le voile, un objet culturel pour le CIO
Une réponse qui n’a pas franchement convaincu son interlocutrice. Sur Instagram, Sylvie Eberena évoque ce mercredi « un mytho » du président. « On s’y attendait », cingle-t-elle. La sportive en veut pour preuve l’article 50.2 de la charte olympique. De fait, celui-ci stipule qu’« aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique ». Il n’y est donc pas question spécifiquement du voile, lequel, outre qu’il ne saurait suffire à lui-même pour faire acte de prosélytisme n’est pas considéré par le CIO comme un objet cultuel mais plutôt culturel.
L’an passé au moment des Jeux olympiques, le gouvernement français avait interdit à la délégation française de porter le voile, s’appuyant entre autres sur un arrêt de juin 2023 du Conseil d’État stipulant que « le principe de neutralité du service public s’applique aux fédérations sportives qui sont en charge d’un service public ».
Le CIO sollicité par plusieurs athlètes tricolores avait éludé, estimant que la question ne relevait pas de ses prérogatives : « la liberté de religion est interprétée de différentes manières par les différents États ». En juillet 2024, Amnesty International, après étude de 38 pays européens « a conclu que la France est le seul pays à avoir adopté une interdiction des couvre-chefs religieux, soit dans des lois nationales soit dans des règlements sportifs spécifiques ».
En mars dernier, le texte venu de la droite a semé la cacophonie au sein du gouvernement, au point que François Bayrou a dû réunir plusieurs ministres pour mettre fin aux dissonances. Il a aussi fait réagir le judoka Teddy Riner qui a estimé que la France « perdait son temps » sur ces questions et qu’il fallait mieux « pens[er] égalité » plutôt que « de s’acharner sur une seule et même religion ».
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