Politique

Sur l’immigration, ce député Renaissance propose (presque tout) comme le RN

POLITIQUE – Certes, le vocabulaire est sensiblement différent et ces mesures sont prônées depuis quelque temps par Les Républicains, lesquels ont fini par copier-coller cette partie du programme du Rassemblement national. Mais sur le fond, il n’est pas exagéré de considérer que le député Renaissance Charles Rodwell s’éloigne considérablement des rives de sa famille politique lorsqu’il parle d’immigration.

Dans une tribune publiée ce vendredi 9 mai dans Le Figaro, le député des Yvelines prône « une immigration massivement réduite et choisie, fondée uniquement sur le travail, pour répondre aux besoins des Français ». Selon lui, « nos flux migratoires sont aujourd’hui insoutenables » et nourrissent « l’insécurité culturelle de masse » ressentie selon lui par la population. Ce qui implique l’adoption de mesures longtemps défendues par l’extrême droite, comme l’instauration d’un moratoire sur le regroupement familial.

La fin du regroupement familial (et l’AME)

« À terme, celui-ci ne devrait être possible que pour les étrangers ayant vécu, travaillé et contribué à notre richesse nationale pendant au moins cinq ou même dix ans. Empruntons la voie ouverte par l’Autriche en Europe ! », s’enflamme le député macroniste, oubliant de préciser que c’est sous la pression du succès électoral du FPÖ (extrême droite) aux législatives que le gouvernement autrichien a décidé de suspendre le dispositif. Une première dans l’UE.

Comme s’il cochait toutes les cases d’un bingo, Charles Rodwell propose ensuite de « mettre fin à l’immigration pour soins » jugeant que « le dévoiement scandaleux des titres de séjour octroyés aux “étrangers malades” avec un accès aux soins sans restriction, qui engendre un coût potentiellement illimité pour l’Assurance maladie ». L’élu macroniste entend ainsi revenir (comme le RN ou LR) sur l’Aide médicale d’État (en tournant le dos au consensus médical) mais aussi sur le titre de séjour pour soins.

Mais de quoi parle-t-on ? Comme le souligne l’Office français de l’immigration et d’intégration (OFII) ce dispositif concerne « des étrangers qui présentent des pathologies dont l’absence de soins accessibles dans leur pays d’origine entraînerait des conséquences d’une exceptionnelle gravité ». Autre condition : « que cette exceptionnelle gravité ait une forte probabilité de survenir dans un délai proche ». En 2022, l’OFII comptabilisait 24 183 demandes. Pas vraiment une ruée vers les soins comme le suggère Charles Rodwell d’autant que la fable de l’immigration pour soin est régulièrement contredite par les chiffres.

Comme le notait le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés fin 2023, l’Hexagone n’est pas le pays de l’Union européenne le plus attractif pour les demandeurs d’asile. En valeur absolue, la France se situe derrière la Pologne et l’Allemagne. Mais en valeur relative (c’est-à-dire reporté à la densité de population), la France se classe au 21e rang de l’UE. On rappellera par ailleurs que l’AME n’est sollicitée que par 50 % de la population éligible.

Un référendum sur l’immigration

Plus loin dans son exercice de plagiat, l’élu Renaissance propose de « remettre à plat » les accords de Schengen et de renforcer les contrôles aux frontières. Ce qui rappelle ce que proposait Jordan Bardella durant les élections européennes, avec sa « double frontière ». Un dispositif que dénonçait avec force Gabriel Attal, aujourd’hui patron du groupe Renaissance et de ses députés à l’Assemblée nationale.

Et pour que l’ensemble soit complet, Charles Rodwell (manifestement conscient qu’une bonne partie de ce qu’il propose n’est pas faisable en l’état actuel du droit) propose un référendum sur le sujet. Soit précisément ce que réclame le Rassemblement national (suivi par LR) depuis plusieurs années. Une mesure chère au RN ne figure toutefois pas dans la liste de Charles Rodwell : l’instauration d’une préférence nationale pour les prestations sociales dites non contributives. À sa décharge, d’autres macronistes s’y étaient déjà convertis.

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