Politique

« Tout faire péter » : Jusqu’où ira Wauquiez pour mettre la pression sur Retailleau ?

POLITIQUE – La pression monte d’un clan. Laurent Wauquiez change de braquet à quelques encablures du vote des militants Les Républicains pour choisir leur chef. Distancé par son concurrent Bruno Retailleau, si l’on en croit uniquement les enquêtes d’opinion, le chef des députés LR multiplie les coups de butoir.

Une recette épicée pour le même fond de sauce : depuis le début de la campagne, l’élu de Haute-Loire avance comme seul argument, ou presque, sa liberté. En clair, il serait plus à même que le ministre de l’Intérieur de faire entendre une droite forte, indépendante, et sans fil à la patte, puisque le Vendéen est contraint, par essence, au principe de « solidarité gouvernementale » avec les macronistes.

Voilà donc le sillon que Laurent Wauquiez espère encore creuser jusqu’au 17 mai, date du scrutin. Pour cela, il accumule les sujets de dissensions avec le gouvernement, sur le prochain budget ou les différentes réformes envisagées par François Bayrou. Un pressing exercé sur ses alliés… Pour mieux toucher son principal concurrent. Mais, jusqu’ou ?

Viser Bayrou pour toucher Retailleau

À l’orée de la dernière ligne droite, le député de Haute-Loire passe au stade de la menace. Il a effectivement profité de la semaine écoulée pour mobiliser plusieurs sujets chers à sa famille politique, et exiger du Premier ministre un changement de cap. Sinon ? LR se posera la question de se retirer de la coalition.

Laurent Wauquiez cible par exemple François Bayrou sur les enjeux fiscaux du budget 2026, précisément sur l’abattement dont bénéficient les retraités et que le gouvernement remet en cause. Il a ainsi fait entendre ses désaccords en face-à-face à Matignon, dans les médias, puis lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale. « Les propositions qui sont en train de sortir de Bercy sont la tête à l’envers », a-t-il tonné, mardi 30 avril, devant les journalistes, avant de prévenir l’assistance : il est prêt à initier un « débat » sur la participation au gouvernement de son parti, si besoin était.

Un avertissement dirigé vers Matignon et Beauvau que le chef des députés LR martèle également au sujet de la proportionnelle. Un dossier particulièrement sensible, puisqu’il s’agit d’une marotte de François Bayrou (qui entame des consultations sur le sujet), mais d’un chiffon rouge pour la droite républicaine.

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« Le ministre qui est chargé de mettre en œuvre la loi électorale, c’est le ministre de l’Intérieur. Ça tombe bien, il est de notre famille politique », a donc sifflé Laurent Wauquiez mercredi sur RTL en jugeant « impensable » la passivité du ministre de l’Intérieur sur ces enjeux. « Je suis assez préoccupé en ce moment, je vois beaucoup de paroles, peu d’actes », a-t-il expliqué, en assurant qu’il y a « de plus en plus de désaccords avec le gouvernement. »

La menace fantoche ?

Pour le Laurent Wauquiez, il s’agit de viser François Bayrou, mais surtout pour insister sur le manque de poids, selon lui, de Bruno Retailleau au sein de l’exécutif. Ou sa complicité dans l’inaction de Matignon. Preuve en est, quand il tresse des lauriers au gouvernement, il cite Annie Genevard (LR) qui fait « un très bon travail à l’Agriculture », ou Gérald Darmanin (macroniste) à la Justice. Pas son concurrent.

En face, Bruno Retailleau attend que l’orage passe. Fidèle à sa stratégie depuis le départ, le Vendéen essuie les coups, refuse de les rendre, et défend à l’envi son choix de participer à un gouvernement sans main libre, mais pour essayer d’obtenir quelques victoires. Suffisant pour désamorcer la menace brandie par Laurent Wauquiez ?

« On a bien compris qu’il essaie de tout faire péter », nous assure un conseiller au gouvernement, bon connaisseur des arcanes de la droite, « mais il n’y arrivera jamais. » « Chez LR, ils sont très satisfaits de ce retour » dans la lumière, estime encore cette source, en résumant le camp des réfractaires à la coalition gouvernementale à « une dizaine d’élus qui veulent garder les mains propres autour de Wauquiez. » Insuffisant, en somme, pour alimenter une réelle fronde, veut-on croire du côté de l’exécutif.

Gageons que la question se posera, malgré tout, avec autant d’acuité – sinon plus – une fois l’élection passée. Si Laurent Wauquiez remporte la mise, difficile de l’imaginer remettre au placard ses critiques et ses envies de se démarquer du macronisme, lui qui est rétif depuis le départ à toute participation minoritaire au gouvernement. S’il est défait et qu’il continue son engagement de premier plan chez LR, ce sera sans doute dans le rôle de « mouche du coche. » La guerre des chefs, même sans violence, laissera des traces.

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