Politique

Toutes les questions que pose l’hypothèse d’une candidature de Lucie Castets en Isère

POLITIQUE – Lucie Castets entre en zone de turbulences. Telle une fusée lancée à pleine bourre à l’assaut du ciel (ou de Matignon), elle se bat désormais pour se maintenir en vol. Le plus dur n’a pas été le décollage : inconnue du grand public jusqu’au jour de sa désignation officielle par le Nouveau Front populaire le 23 juillet, cette haute-fonctionnaire a réussi à s’imposer sur le terrain, dans les médias et auprès de militants de gauche qui ont scandé son nom tout l’été.

Mais patatras. La nomination de Michel Barnier à sa place lui a laissé un goût amer. Se pose désormais la question de son avenir en politique. Repartira-t-elle aussi vite qu’elle est arrivée ? Un scénario se profile. Pour continuer de peser dans le débat, Lucie Castets pourrait enfiler l’écharpe tricolore en se faisant élire députée. La France insoumise réfléchit à lui proposer l’investiture à l’élection législative partielle prévue en Isère après la démission du député Hugo Prévost, accusé de violences sexistes et sexuelles.

Incarnation de l’unité

En a-t-elle seulement envie ? Pour l’instant, l’ancienne directrice des finances de la Ville de Paris maintient le suspens. Au Figaro, elle a confié il y a quelques jours « qu’à ce stade », la proposition ne lui a pas été « formellement » faite. Mais les choses semblent avancer. « Si j’y vais, c’est pour un vrai combat. Si j’y vais, c’est pour être la candidate du NFP », a-t-elle révélé au Parisien le 16 octobre. Ajoutant : « Ce ne serait pas un cadeau mais c’est important de se frotter aux élections. C’est important de prendre des risques ». En coulisses, les échanges se multiplient pour préparer au mieux une éventuelle candidature. Et éviter le crash.

D’abord parce que si la circonscription est fléchée LFI, les autres composantes de la coalition ont leur mot à dire sur une entrée à l’Assemblée de celle qui lorgnait jusque-là Matignon. Et pour l’instant, les avis semblent mitigés. Un cadre du NFP se dit « dubitatif » sur l’intérêt d’une telle candidature. « Aujourd’hui, elle est au-dessus des quatre groupes parlementaires. Si demain, elle intègre le groupe LFI à l’Assemblée, cela peut apparaître comme une OPA du groupe dominant », expose le président du groupe communiste André Chassaigne auprès du HuffPost. Il poursuit : « Je ne suis pas convaincu que ce soit indispensable qu’elle rejoigne l’Assemblée ». Un autre se montre à l’inverse beaucoup plus enthousiaste : « Lucie Castets est l’incarnation de notre unité. Se priver de son talent serait incompréhensible ».

« Je tiens à ma liberté »

La question de son rattachement à un groupe est sans doute le plus gros obstacle à surmonter. S’ils lui accordent l’investiture, les Insoumis demandent en retour que Lucie Castets siège à leurs côtés. « Cela me paraît normal », estime le coordinateur de LFI Manuel Bompard. Mais pour la principale intéressée, c’est plus compliqué. « Il est très important que je puisse garder mon identité transversale de trait d’union entre les partis, de tiers de confiance. J’ai une liberté à laquelle je tiens. Si ces conditions ne sont pas réunies, je n’y vais pas », prévient-elle auprès du Parisien.

Plusieurs autres hypothèse sont alors mises sur la table par les stratèges du NFP : pourquoi ne pas siéger parmi les non-inscrits, tout en portant une voix de gauche, ou alors, plus étonnant, alterner entre les quatre groupes de gauche ? Un jeu de saute-mouton qui serait totalement inédit.

Mais avant cela, encore faut-il l’emporter. Car rien n’est moins sûr qu’une victoire dans une circonscription où le second tour s’était joué à quelque mille voix d’écart. « En juillet, la circonscription a été gagnée par le NFP grâce à une surmobilisation des quartiers populaires. Cela ne se reproduira pas pour une partielle », veut croire un socialiste interrogé par le Figaro. Le 7 juillet, la participation était exceptionnellement haute, à plus de 75 %. Mais pour une législative partielle, elle sera nécessairement beaucoup plus basse.

Concurrent de taille

D’autant que Lucie Castets, si elle venait à être candidate, pourrait faire face à un concurrent de taille, en la personne d’Olivier Véran. L’ancien ministre de la Santé a bien quitté la vie politique, après avoir annoncé au printemps sa reconversion dans la médecine esthétique, puis finalement dans le conseil. Pourra-t-il renfiler les gants le temps d’une campagne express, qui ne bénéficiera pas du même écho politique et médiatique que la dernière fois ? Contacté à ce sujet par Le HuffPost, l’intéressé n’a pas donné suite.

Il est clair qu’en cas de défaite, l’avenir politique de Lucie Castets s’assombrirait considérablement. Celle qui a passé l’été à répondre aux procès en illégitimité venus de la droite et de l’extrême droite ne pourrait pas se prévaloir du soutien populaire. À l’inverse, une victoire serait synonyme d’une relégitimation par les urnes et d’un retour au centre du jeu. Le dilemme ressemble fort au casse-tête. Et quelle que soit sa décision, Lucie Castets sait qu’elle fera parler.

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