Un an après, les Français n’ont toujours pas compris la dissolution (et n’en veulent pas une autre)
POLITIQUE – « Happy Birthday ! » Ou pas. Alors que ce lundi 9 juin marque le premier anniversaire de la dissolution annoncée par Emmanuel Macron quelques minutes après la défaite de son camp aux élections européennes, les Français n’entendent pas vraiment sortir les cotillons et les bougies.
Selon un sondage réalisé par Yougov pour Le HuffPost, ils sont toujours une grande majorité (74 %) à estimer, un an plus tard, que ce n’était pas une bonne décision. Notamment au regard de la situation politique actuelle. Les plus mécontents se trouvent chez les électeurs de gauche puisque 81 % d’entre eux ne trouvent pas la dissolution pertinente). Ce sont eux qui après l’éclatement de la NUPES de 2022 risquaient le plus. Dans la foulée de l’annonce présidentielle, ils avaient d’ailleurs été les plus véhéments à accuser le chef de l’État d’offrir un boulevard à l’extrême droite.
Étonnamment pourtant, les électeurs RN apparaissent également parmi les plus remontés contre la décision. Ils sont 82 % à juger la dissolution non pertinente. Certes le parti s’est fracassé sur le front républicain et ses « brebis galeuses » au deuxième tour. Mais la formation lepéniste est tout de même sortie grande gagnante du premier, glanant in fine plus d’une cinquantaine de sièges supplémentaires.
Emmanuel Macron n’a semble-t-il pas non plus trouvé grâce auprès de ses propres partisans, qui, un an après, sont près de 70 % à ne pas trouver la dissolution particulièrement pertinente, et 53 % à la trouver la situation politique moins stable. Ils n’en demeurent pas moins ceux qui sont le plus opposés à de nouvelles élections législatives anticipées.
À raison, puisque l’été 2024, a été une véritable gifle aller-retour pour la « majorité présidentielle » d’avant. Après l’échec cuisant de la liste menée par Valérie Hayer, Renaissance a perdu dans l’hémicycle plus de 70 sièges en comparaison avec 2022 et la Macronie ne doit son maintien au pouvoir qu’au prix d’une alliance pas toujours fluide avec Les Républicains.
Les Français ne veulent pas de nouvelle dissolution
Surtout, dans leur ensemble les Français jugent à 59 % la situation moins stable politiquement depuis un an. Il faut dire qu’outre l’adoption d’une motion de censure contre Michel Barnier, la première à faire tomber un gouvernement depuis 1958, le gouvernement peine à proposer et défendre ses projets de loi à l’Assemblée comme Le HuffPost l’expliquait ici.
Quant à l’idée de retourner aux urnes, c’est la grande hésitation. Alors qu’ils ne sont que 3 % à trouver la situation politique plus stable, seulement 25 % d’entre eux se prononcent pour une nouvelle dissolution et donc de nouvelles élections ; un scénario qui ne pourrait pas intervenir avant juillet. Ce sont chez les électeurs du Rassemblement national (34 % en faveur) que leur proportion est la plus grande, et ce même si Marine Le Pen ne pourrait pas se représenter.
Ainsi 47 % de la population n’a aucune envie de devoir ressortir sa carte d’électeur, et près d’un tiers des Français ne se prononce pas sur l’opportunité de dissoudre à nouveau.
Une impasse démocratique ? Si Emmanuel Macron, qui a depuis tenté régulièrement de se justifier, voulait un nouveau cap clair pour la Nation il y a un an, force est de constater que les Français n’y ont pas vraiment trouvé leur compte, et apparaissent même toujours déboussolés.
Cette enquête YouGov a été réalisée sur 1005 personnes représentatives de la population nationale française âgée de 18 ans et plus. Le sondage a été effectué en ligne, sur le panel propriétaire YouGov France du 3 au 5 juin.