Un échange privilégié entre Macron et Le Pen pour Matignon ? Les deux camps démentent
POLITIQUE – Aucun « deal » particulier entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron pour Matignon. Ce dimanche 8 septembre, les deux camps ont démenti les informations du Journal du Dimanche qui raconte « les coulisses secrètes » qui ont abouti à la nomination de Michel Barnier, avec notamment l’intervention de Thierry Solère, un très proche du président et un appel direct du chef de l’État à la cheffe des députés Rassemblement National.
Trouver un chef du gouvernement a nécessité la consultation de tous les groupes et Emmanuel Macron s’y est publiquement employé après la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques. Mais les premiers échanges n’ont rien donné. Selon le JDD, la situation s’est dénouée dans la soirée du mercredi 4 septembre, quand le nom de Michel Barnier est évoqué et que Marine Le Pen annonce ne pas y mettre de veto.
Mais le lendemain, des élus RN dézinguent l’option Barnier. Selon le récit fait par l’hebdomadaire, le président de la République « envoie Thierry Solère en éclaireur chez Le Pen pour prendre la température » avant d’appeler lui-même Marine Le Pen pour s’assurer que le RN ne votera pas une censure immédiate.
Le NFP vent debout
La gauche, qui dénonçait déjà un président de la République « sous tutelle » du RN, a rapidement réagi à l’article du Journal du Dimanche. « On apprend ce matin dans la presse que monsieur Macron et madame Le Pen se sont mis d’accord pour voler le vote des Français », écrit Manuel Bompard de LFI sur CNews/Europe 1. « Qu’on arrête de nous saouler avec l’idée que la gauche a raté la marche du pouvoir. Macron a dealé avec Le Pen via un de ses conseillers sarkozystes qui fait l’objet de 13 mises en examen », abonde le communiste Ian Brossat, insistant sur les multiples affaires judiciaires lancées à l’encontre de Thierry Solère.
« Pas la DHR de Macron », des échanges « mardi » mais pas après
Avant même la nomination de Michel Barnier, le Rassemblement national ne cachait pas sa joie de jouer le rôle d’« arbitre ». Pour autant, Marine Le Pen a fermement démenti avoir été contactée par l’Élysée jeudi, avant l’annonce officielle. « Je n’ai pas eu d’échange avec Emmanuel Macron » jeudi, a-t-elle assuré ce dimanche, interrogée depuis sa rentrée à Hénin-Beaumont sur l’article du JDD.
« Nous avons été reçus par Emmanuel Macron, nous avons dit (…) quels étaient pour nous les critères, les conditions qui entraîneraient une non-censure immédiate de la part du Rassemblement national, du Premier ministre qui serait choisi », a-t-elle déclaré. Mais « je ne suis pas DRH d’Emmanuel Macron », a-t-elle ajouté, démentant donc tout rôle actif.
Auprès du HuffPost, l’Élysée réfute également cet appel dans les dernières heures avant l’annonce. « Le président a eu tous les chefs de partis le mardi par téléphone et nous avions communiqué là-dessus » nous répond-on au Palais. Un proche du chef de l’État balaie par ailleurs les remontrances de la gauche et cible le PS. « Quelqu’un vous a proposé une tribune de 40 députés socialistes en soutien à Bernard Cazeneuve ? Si cette tribune, ou toute autre forme de soutien clair avait existé, le choix du président aurait pu être différent », cingle cette source. « La gauche a créé des conditions d’émergence d’un Premier ministre de droite et mécaniquement a positionné le RN en position de premier censeur », fustige-t-elle.
Un discours récurrent, notamment dans les cercles macronistes mais qui fait l’impasse sur un point crucial. Mettre Bernard Cazeneuve à Matignon se serait accompagné d’un coup de barre à gauche avec à la clef un possible retour sur certaines mesures totem d’Emmanuel Macron, dont la réforme des retraites. Ce à quoi Emmanuel Macron se refuse catégoriquement.
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