Un gouvernement annoncé un jour de deuil national ? Colère et émotion des élus mahorais
POLITIQUE – « Indécence » et « mépris ». Alors que le délai souhaité par François Bayrou pour présenter son gouvernement touche à sa fin, la possibilité d’une annonce ce lundi 23 décembre ne passe pas. Et pour cause : la journée a été placée sous le signe d’un deuil national pour Mayotte, où le passage du cyclone Chido a fait au moins 35 morts.
« Je trouve ça franchement très déplacé et cela me met en colère », assène le sénateur RDPI de Mayotte Saïd Omar Oili sur franceinfo. « Qu’est-ce qu’on va retenir de cette journée ? Est-ce qu’on va retenir le drame qui vient de se passer à Mayotte ou la nomination du gouvernement ? Comme d’habitude on passe au second rang […]. À un moment donné, il faut laisser la politique de côté et avoir un peu de compassion envers ses compatriotes », ajoute-t-il.
La même colère est partagée par la députée LIOT de Mayotte Estelle Youssouffa. « L’obsession générale de la place politique à Paris, c’est le remaniement. Et on voit même le Premier ministre qui semble envisager de faire un remaniement un jour de deuil national. Monsieur qui avait un conseil municipal à Pau, qui n’est toujours pas venu à Mayotte […]. Je ne suis pas seulement bouleversée, je trouve que c’est tellement méprisant, grave, médiocre, qu’on a plus les mots », a-t-elle lancé sur France Inter, la voix tremblante.
Même dans le camp présidentiel, la possibilité d’une annonce ce lundi interroge. « Je ne vois pas comment une journée de deuil national pourrait être traduite par une journée de casting gouvernemental », a estimé le député EPR des Yvelines Karl Olive sur CNews. « Le timing n’est pas forcément le bon », a aussi jugé le député RN Julien Odoul.
Alors que la polémique prenait de l’ampleur, l’Élysée a en partie coupé court aux spéculations, assurant que l’annonce n’aurait pas lieu avant 18h en raison de la journée de deuil.
« Les Mahorais seront, une deuxième fois, touchés et surtout meurtris »
Le signal est d’autant plus mauvais qu’une séquence du déplacement du président de la République a marqué les esprits. Entouré par des Mahorais en colère, le chef de l’État s’est agacé des reproches qui lui étaient faits, avant de lancer : « Vous êtes contents d’être en France. Il n’y a pas un endroit dans l’océan Indien où on aide autant les gens, c’est un fait […]. Si ce n’était pas la France, vous seriez dix mille fois plus dans la merde. » Il s’est ensuite défendu, affirmant qu’il s’agissait de « gens du RN » qui « insultaient la France ».
Une sortie très mal perçue à l’échelle nationale mais aussi locale. « Vous avez vu les mots qu’il a dits lorsqu’il a été un peu chahuté par la population. Qu’en quelque sorte, on n’est pas des Français à part entière, mais des Français à part », estime Saïd Omar Oili. Avant d’ajouter : « Ça ne m’étonnerait pas qu’on nomme le gouvernement aujourd’hui. Les Mahorais seront, une deuxième fois, touchés et surtout meurtris. »
François Bayrou a dit espérer un gouvernement avant Noël et a poursuivi, dimanche, ses échanges avec le président de la République sur sa composition. Mais l’annonce, un temps pressentie pour dimanche soir, n’a finalement pas eu lieu. Selon les différents récits de presse qui en sont faits, trois points compliquent les discussions : l’entrée de Xavier Bertrand, honni par le Rassemblement national, le Quai d’Orsay que se disputent Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot et l’attribution du ministère de l’Économie, crucial dans le contexte actuel.
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