Politique

« Un jour, un déplacement » : Attal déploie sa méthode à Matignon pour combler l’attente

POLITIQUE – Premiers pas (de charge). Le nouveau chef du gouvernement multiplie les déplacements sur le terrain depuis sa nomination inattendue à Matignon. Dernier en date, il se rend en Côte-d’Or, ce samedi 13 janvier, au centre hospitalier de Dijon, en compagnie de la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, Catherine Vautrin.

L’occasion, pour les deux, de visiter les différents services d’urgence, la plateforme de régulation du Samu et d’échanger avec des soignants confrontés à la crise durable de leur secteur. Une façon de déminer, aussi, les premières inquiétudes, à l’heure où la Santé ne sera plus un ministère de plein exercice.

La veille, c’est pour incarner une autre priorité affichée du quinquennat d’Emmanuel Macron, que le locataire de Matignon visitait, avec la ministre de l’Éducation nationale et des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, un collège des Yvelines. Mercredi, il était dans un commissariat du Val-d’Oise avec le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, après avoir réservé quelques heures plus tôt son premier déplacement aux sinistrés du Pas-de-Calais.

Méthode Castex ?

De fait, Matignon a promis un « déplacement par jour », manière pour le jeune Premier ministre de renouer avec une méthode inspirée par celle de l’ancien chef du gouvernement Jean Castex : aller sur le terrain. Les deux hommes sont proches, à tel point que, selon Les Échos, Gabriel Attal aurait apprécié, sans succès, pouvoir le nommer à l’Intérieur à la place de Gérald Darmanin.

Le précepte a en tout cas été énoncé par Mayada Boulos, l’ancienne directrice de la communication de Jean Castex, mercredi matin, sur RTL. « Il peut se sortir » de l’enfer de Matignon, « s’il n’en fait pas un enfermement », expliquait ainsi cette « amie » du nouveau Premier ministre, un temps citée pour prendre le porte-parole du gouvernement.

« C’est une des clefs, un des éléments essentiels de Matignon. Jean Castex était un exemple en la matière. C’est le recordman de celui qui a fait le plus de déplacements sur le terrain en tant que Premier ministre », ajoutait-elle, en soulignant la célérité de Gabriel Attal pour se rendre dans le Pas-de-Calais, mardi, quelques minutes après l’officialisation de sa nomination.

Une méthode, entre omniprésence et agilité, qui peut aussi rappeler celle de Nicolas Sarkozy en son temps, mais aussi de Gérald Darmanin Place Beauvau plus récemment, ou encore de Gabriel Attal lui-même quand il était au ministère de l’Éducation nationale. Ces six mois qui lui ont servi de tremplin.

Meubler le vide

Avec une différence majeure cette fois-ci : quand il était rue de Grenelle, le nouveau chef du gouvernement prenait soin d’assortir chaque déplacement d’une annonce ou d’une phrase forte. Ce qui n’est plus possible depuis son arrivée à Matignon, en dépit d’un discours tourné vers « l’action, l’action, l’action. »

Ces visites recèlent, en revanche, d’autres vertus au moment où la nouvelle étape de ce quinquennat souhaitée par Emmanuel Macron peine à se lancer. Les déplacements, « ça fait parler, on maîtrise l’agenda et toutes les caméras sont pour vous », analyse ainsi le spécialiste de la communication politique, Christian Delporte, auprès de l’AFP. Pas inutile après des jours de doute et d’atermoiements autour de la nouvelle équipe gouvernementale.

« Mais si vous faites tout le temps ça, vous banalisez votre parole. Et quand le procédé s’use, les interlocuteurs sont de moins en moins bienveillants », ajoute-t-il. C’est le risque. Pour l’instant, le quinquennat est à nouveau suspendu à « l’expression » du président de la République, selon la formule de l’Élysée.

Emmanuel Macron doit prendre la parole en début de semaine pour clarifier son cap et dessiner la feuille de route du nouveau gouvernement avant le discours de politique général de Gabriel Attal. D’ici là, l’hôte de Matignon pourra compter sur une équipe élargie de nouveaux ministres délégués et autres secrétaires d’État. Les dernières étapes d’un remaniement qui s’étale dans le temps.

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