Un parti d’extrême droite ? Ciotti vole au secours du RN (avec un argument fallacieux)
POLITIQUE – Les élus expérimentés le savent : en politique, il ne faut jamais insulter l’avenir. Et dans le contexte où le Rassemblement national écrase le jeu des sondages, et que son propre parti partage le principal des idées de la formation lepéniste, Éric Ciotti a jugé bon de voler au secours du RN, débouté par le Conseil d’État. Sauf que son principal argument ne tient pas.
Devant la haute juridiction, le parti de Jordan Bardella contestait son rattachement à « l’extrême droite » dans la classification des candidatures opérée par le ministère de l’Intérieur lors des élections. Une requête rejetée par le Conseil d’État, confirmant une première décision rendue en référé en septembre. Interrogé ce mardi 12 mars à ce sujet sur Sud Radio, le patron des Républicains s’en est pris à l’institution.
« Le Conseil d’État se mêle aujourd’hui de choses qui ne le concernent pas, qui ne le regardent pas », a déploré Éric Ciotti, dénonçant « une immixtion » des magistrats « dans le champ politique ». Et l’élu niçois d’insister : « ce n’est pas au Conseil d’État de classer les partis, ça, c’est dans des régimes autoritaires ». Éric Ciotti va même jusqu’à percevoir « une dérive » de la part du Conseil d’État, qu’il accuse de prononcer « des positions surprenantes et qui sont très inspirées par une domination idéologique de gauche ».
Le conseil d’État… saisi par le RN
Or, contrairement à ce que laisse entendre le patron des Républicains, l’institution ne prétend pas « classer » les partis politiques, ni même prendre l’initiative sur le sujet. C’est même l’inverse puisque le Conseil d’État a été saisi… par le Rassemblement national. Conformément à la procédure, les juges se sont donc prononcés sur le fond de la saisine du RN, qui considère que la classification « extrême droite » par le ministère de l’Intérieur porte atteinte à la « sincérité du scrutin ».
Et voici ce qu’en pense, sur le fond, le Conseil d’État : « En rattachant la nuance politique “Rassemblement national“ au bloc de clivages ”extrême droite“, la circulaire attaquée ne méconnaît pas le principe de sincérité du scrutin, que l’attribution d’une nuance politique différente de l’étiquette politique n’affecte pas, et n’est entachée d’aucune erreur manifeste d’appréciation ».
Et les magistrats d’ajouter, toujours sur le fond : « Elle ne méconnaît pas davantage, en tout état de cause, le principe d’égalité en procédant à un tel rattachement, tout en attribuant la nuance “Gauche” aux formations politiques “Parti communiste français” et “La France insoumise”». Comme nous l’expliquions dans un précédent article, le terme « extrême gauche » est utilisé par le ministère de l’Intérieur pour les organisations révolutionnaires et anticapitalistes qui se fondent sur le rejet des institutions, comme le NPA ou Lutte ouvrière, et qui considèrent que le changement n’interviendra pas forcément par les urnes.
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