Politique

Une candidate RN utilise de fausses images pour dénoncer la saleté à Strasbourg… et assume

POLITIQUE – Faire campagne pour les municipales en utilisant de fausses images ? Aucun problème pour l’eurodéputée Rassemblement national (RN) Virginie Joron, qui a officialisé sa candidature à la mairie de Strasbourg. L’élue européenne a choisi de lancer sa campagne en ayant recours à une intelligence artificielle dans une vidéo pour grossir certains aspects qu’elle entend dénoncer.

Les images ont été postées le 24 octobre sur le compte TikTok de l’eurodéputée, « atterrée de voir que la ville s’est autant dégradée en si peu de temps ». À l’écran, une ville de Strasbourg embouteillée, des travaux, des déchets… En réalité, à l’exception d’une séquence tournée place du marché du Temple-Neuf, tout est faux, précise France 3. La cellule de vérification d’images amateurs de France Télévisions confirme : « Toutes les images d’illustration ont été générées par l’IA. On peut le voir via les nombreuses incohérences et l’aspect irréaliste dans les formes (panneaux, bâtiments, visages, texte) et l’aspect graphique très lisse des images. »

Selon nos confrères qui ont révélé l’histoire, la publication ne comportait aucune mention d’une utilisation de l’intelligence artificielle. Ce que dément ce vendredi 31 octobre Virginie Joron, après avoir supprimé son post. « Cette vidéo était en partie générée par l’IA (Images de Strasbourg) comme mentionné », a-t-elle réagi sur X. Pour « une transparence totale », elle publie également « des vraies photos de Strasbourg », interrogeant ses abonnés pour savoir « si cela vous gêne l’utilisation de l’IA ». « En effet, le réel est parfois pire », conclut-elle.

Interrogée par France 3, Virginie Joron explique que « c’est mon assistant qui a eu l’idée d’illustrer la vidéo de base, tournée dans des conditions réelles, avec de l’intelligence artificielle ». « Comme j’aime bien valoriser la jeunesse, je me suis dit pourquoi pas ! », raconte-t-elle. Sans voir aucun lien ni aucun problème avec le risque de désinformation lié à l’utilisation de l’IA sans mention explicite et en particulier pour défendre des intérêts politiques.

« L’intelligence artificielle me passionne, pour moi c’est la modernité. J’entends bien qu’il y a des gens qui sont contre la modernité, mais c’est comme ça. En tout cas, il n’y avait aucune intention malveillante, aucune volonté de tronquer (sic) : c’était une façon d’utiliser des images améliorées », répond-elle. En dépit de la polémique, l’élue n’entend pas se priver de l’outil. « Je ferai un sondage, et si ça plaît aux gens, je ferai d’autres vidéos avec des images IA », assure-t-elle.

L’eurodéputée fait partie des 29 membres du RN à siéger à Strasbourg dans le groupe Patriotes pour l’Europe, présidé par Jordan Bardella. Au-delà de ses positions antivax, elle a été sanctionnée en 2021 par le Parlement européen pour avoir organisé des « fausses missions d’observation » en Crimée, sans mandat de l’institution.