Une semaine après les législatives, blocages et flottement à tous les étages
POLITIQUE – La machine s’est grippée. Une semaine après le second tour des élections législatives et son résultat sans précédent, la situation politique et institutionnelle française paraît plus nouée que jamais, de l’Élysée au gouvernement, en passant par l’Assemblée.
Sans majorité claire à l’issue des urnes, aucun camp ne semble en mesure de s’installer seul à Matignon et dans les ministères dans la durée. Or, malgré certains appels du pied – du côté du camp présidentiel notamment afin de bâtir une « coalition républicaine » assez solide pour ne pas être renversée par une motion de censure –, rares sont les indices qui permettent d’envisager une architecture stable pour les jours à venir.
Le « risque d’un pays ingouvernable, et dont le Parlement ne parvient même pas à donner un budget à la nation, est très réel », résume le directeur de Terra Nova Thierry Pech, dans un entretien au HuffPost. Récit d’une période de blocages et d’incertitudes.
Le NFP patine toujours
Une semaine après sa courte victoire, le Nouveau Front populaire ne parvient toujours pas à s’accorder sur le nom du Premier ministre qu’il souhaite proposer pour Matignon. Les pontes de l’alliance des partis de gauche ont tous promis une réponse rapide… mais les tractations ne cessent de s’allonger. Les délais, avec.
Dernière dissension en date : Fabien Roussel a proposé la présidente de la Réunion Huguette Bello. Mais son profil (ancienne communiste, soutien de François Hollande, puis de Jean-Luc Mélenchon), soutenu par la France insoumise et accueilli avec bienveillance par les écologistes, n’est pas du goût du Parti socialiste. Les roses mettent en avant ses anciennes prises de position controversées, et prônent de leur côté la candidature du premier secrétaire Olivier Faure, qu’ils espèrent plus consensuelle.
Les cadres du PS devaient discuter de ces différentes options ce samedi en fin d’après-midi – tout comme leurs alliés écologistes qui ont fait savoir qu’ils n’avaient pas arrêté de décision quant à la candidature d’Huguette Bello –, rendant l’hypothèse d’une issue rapide peu probable. Quoi qu’il en soit, les rapports de force qui se sont dessinés au fil de la semaine ne sont pas positifs pour le NFP : avec moins de 200 députés et des adversaires qui promettent de censurer tout gouvernement issu de la gauche, le Premier ministre éventuellement nommé sera sur un siège plus qu’éjectable.
À quand le gouvernement démissionnaire ?
Reste que le président de la République ne s’est pas tourné vers la gauche, pour l’heure, afin de lui demander de former une équipe gouvernementale, et de nouer d’éventuelles alliances pour assurer son maintien. Malgré la pole positon du NFP, Emmanuel Macron demande une « coalition républicaine », sans La France insoumise et le Rassemblement national.
C’est le sens de sa « lettre aux Français » publiée mercredi dans les colonnes de la presse locale, après trois jours de silence à l’Élysée. Une initiative aux retombées modestes, pour l’instant. De fait, personne n’a répondu à son appel en dehors de son camp : Les Républicains apparaissent au mieux divisés, au pire rétifs à l’idée de pactiser avec le chef de l’État, tandis que les socialistes sont occupés à discuter avec leurs alliés à gauche et excluent un morcellement du Nouveau Front populaire.
Dans ce contexte, le flou règne aussi autour du gouvernement. Maintenu en poste par Emmanuel Macron au lendemain de la défaite du camp présidentiel, Gabriel Attal devrait démissionner pour de bon en début de semaine – mais rester en place pour gérer les « affaires courantes. » Cette subtilité lui permettra, ainsi qu’aux membres de son gouvernement, de prendre part aux votes pour les postes-clés à l’Assemblée nationale, jeudi 18 juillet.
Lutte des places à l’Assemblée
C’est à cette date que les députés élus dimanche dernier se réuniront pour la première fois dans l’hémicycle. Une étape fondatrice pour les mois qui viennent, mais sur laquelle planent, là aussi, de nombreuses incertitudes. Qui pour présider l’Assemblée nationale ? Quelles alliances de circonstance ?
La gauche espère pouvoir faire élire un ou une de ses membres, tandis que la macroniste Yaël Braun-Pivet se verrait bien repartir pour un tour, notamment avec le soutien de la droite. Ces questions se poseront ensuite pour les divers postes à responsabilités au palais Bourbon, comme la questure ou les présidences de commission.
Par ailleurs, une autre inconnue, née du scrutin de dimanche, plane sur la répartition de ces rôles : qui sera formellement dans l’opposition et dans la majorité ? Un point majeur, étant donné que certains postes (des vice-présidences ou la présidence de la commission des Finances) sont réservés à l’opposition. Après le flottement viendra forcément l’heure d’une première clarification.
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