Santé

Au cœur d’un scandale sur l’eau en bouteille, Nestlé visé par une plainte de FoodWatch

CONSOMMATION – « Personne, pas même une multinationale comme Nestlé, n’est au-dessus des lois. » Après les révélations sur l’utilisation de traitements et de filtrages interdits sur certaines eaux en bouteille, principalement de la marque Nestlé, l’association de défense des consommateurs FoodWatch annonce porter plainte contre l’entreprise ce mercredi 21 février.

Au micro de RMC, la directrice générale de l’antenne française de l’organisme, Karine Jacquemart, a dénoncé une « fraude massive et illégale » de la part de « multinationales ».

Malgré l’absence de risques pour la santé, Karine Jacquemart estime que « les gens en ont marre d’être pris pour des idiots ». Raison pour laquelle FoodWatch France a décidé de déposer plainte contre Nestlé Waters (qui possède notamment les marques Perrier, Vittel, Hépar et Contrex) et Source Alma (Cristalline, Saint-Yorre…), coupables selon elle de pratiques « frauduleuses », dont la désinfection de l’eau à l’ozone et la « filtration de l’eau aux UV », comme le rapportait le journal Le Monde fin janvier.

Déposée devant le tribunal judiciaire de Paris, la plainte concerne donc ces deux entreprises pour neuf infractions à la directive européenne sur les eaux minérales, au Code de la consommation et au Code de la santé publique, comme l’a ensuite détaillé dans un communiqué Ingrid Kragl, directrice de l’information de Foodwatch.

L’État dans le viseur de FoodWatch

Pour l’association, cette plainte aura aussi pour but de définir « le rôle de l’État » dans ce scandale sanitaire. Karine Jacquemart fait ici référence au fait que l’exécutif était au courant depuis août 2021 des pratiques non conformes de la part de Nestlé. Mais au lieu d’avertir la justice, le gouvernement avait préféré gérer cette crise en interne, assouplissant la réglementation pour permettre la poursuite des pratiques de la multinationale.

« L’État aurait été informé à un moment par Nestlé Waters, mais n’aurait ni notifié la Commission européenne, ni informé les consommateurs, ni sanctionné », regrette-t-elle, alors que Nestlé Waters avait averti les autorités françaises de ses pratiques sans que de véritables sanctions soient appliquées.

Toutefois, dans son argumentaire, la directrice générale de FoodWatch ne mentionne pas la saisie de l’inspection générale des affaires sociales (Igas) en novembre 2021 par le ministère de l’Économie. Le rapport rendu par l’Igas en juillet 2022 était en l’occurrence accablant : plus d’un tiers des marques d’eaux embouteillées en France subiraient des traitements non conformes. Et 100 % des marques d’eau de Nestlé sont concernées.

Lors de ces échanges avec l’État, Nestlé évoquait auprès des autorités la nécessité de maintenir la « sécurité alimentaire » pour justifier de poursuivre ces traitements interdits d’ultraviolets et de filtres au charbon actif. Des pratiques courantes pour l’eau du robinet, dénuées de risques sanitaires, mais interdites pour les eaux minérales naturelles dans l’UE.

En plus de sa plainte, l’association a adressé une lettre à la Commission européenne, dénonçant « la complaisance de la France, mouillée dans cette affaire depuis plusieurs années, qui aurait dû alerter les autorités européennes et les autres États membres importateurs de ces eaux ». De son côté, le parquet d’Épinal a annoncé dès la fin du mois de janvier l’ouverture d’une enquête préliminaire à l’encontre de Nestlé Waters pour tromperie.

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