Ce rapport sur la santé des Américains accusé d’être un condensé des « obsessions » de Robert Kennedy Jr
ÉTATS-UNIS – Du Robert Kennedy Jr tout craché. L’administration Trump a dévoilé jeudi 22 mai un rapport très attendu sur les maladies chroniques affectant les jeunes Américains, dans lequel elle pointe la possible responsabilité de l’alimentation ultra-transformée, des pesticides ou encore des écrans, et sème le doute sur les vaccins.
Cette publication était attendue au tournant par les professionnels de santé en raison de la sensibilité et de la complexité du sujet, mais aussi du rôle central joué par le ministre de la Santé Robert Kennedy Jr, dit « RFK », contesté pour ses positions antivaccins, dans sa conception. C’est « une étape historique dans notre mission de rendre à l’Amérique sa santé », a salué le président Donald Trump en présence de plusieurs ministres ayant participé à la rédaction du rapport et de « MAHA moms ».
Ces mères de familles américaines soutiennent le mouvement « MAHA » dont Robert Kennedy Jr est une figure de proue, fait référence à la formule « Make America Healthy Again » (« Rendre à l’Amérique sa santé »), un slogan calqué sur le célèbre « MAGA » (« Rendre à l’Amérique sa grandeur ») de Donald Trump. « Ce rapport est avant tout un appel à l’action en faveur du bon sens », a clamé RFK en détaillant les conclusions. Ces dernières mettent en avant « quatre facteurs potentiels » de risque pour les maladies chroniques comme l’obésité, le diabète ou encore les troubles de la santé mentale : la « mauvaise alimentation », « l’accumulation de produits chimiques dans l’environnement », « le manque d’activité physique et le stress chronique » et la « surmédicalisation ».
Un « rôle possible » des vaccins dans les « maladies chroniques »
Des thèmes faisant dans les grandes lignes consensus chez les experts, même si les détails et explications fournis dans le rapport ont suscité la colère de certains d’entre eux et d’organisations. « Plutôt que de se concentrer sur les causes profondes […], le rapport recycle toutes les obsessions du ministre Kennedy, des vaccins aux oléagineux en passant par le manque d’exposition à la lumière du soleil », a ainsi dénoncé Peter Lurie, président de l’association de défense des consommateurs Center for Science in the Public Interest (CSPI) dans un communiqué.
Dans la partie dédiée à la « surmédicalisation », les auteurs du rapport consacrent en effet toute une section aux vaccins, dont ils remettent en cause à demi-mot le rapport bénéfice-risque. « Nombre [de parents] s’interrogent sur l’utilisation appropriée des vaccins et sur leur rôle possible dans la crise croissante des maladies chroniques chez l’enfant », écrivent-ils notamment, pointant le trop faible nombre selon eux « d’études scientifiques […] sur les liens entre les vaccins et les maladies chroniques ».
Des formulations qui ne sont pas sans rappeler les propos de Robert Kennedy Jr, qui s’est fait à plusieurs reprises le relais d’une fausse théorie établissant un lien entre le vaccin ROR (rougeole, oreillons et rubéole) et l’autisme – qu’il considère être l’une des maladies chroniques en pleine expansion. Une spéculation issue d’une étude truquée qui a été maintes fois démentie par des travaux postérieurs, et dont la promotion par le ministre de la Santé a vivement été condamnée par les experts et professionnels de santé. RFK avait aussi fait parler de lui en soutenant fin avril que le vaccin contre la rougeole contenant « de nombreux débris de fœtus et des particules d’ADN », une théorie fausse et elle aussi relayée par les antivax.
Une lutte contre les « graisses saturées »… en faveur du « beurre » et du « saindoux »
Cet ancien avocat respecté en droit de l’environnement, qui avait plaidé contre Monsanto dans l’affaire de l’herbicide Roundup, est toutefois apprécié des experts et élus, démocrates comme républicains, pour son combat contre la malbouffe et les pesticides. Le rapport était ainsi largement attendu par l’industrie agroalimentaire. Les pesticides ne sont toutefois que rapidement évoqués dans le document, qui met davantage l’accent sur les risques liés aux aliments ultra-transformés, et promeut notamment la consommation d’aliments entiers.
« Une bonne idée » mais qui est « en contradiction avec les efforts de RFK, de Trump et de Musk » pour réduire les dépenses de l’État, en taillant notamment dans des programmes d’aide alimentaire à destination des familles les plus pauvres, souligne Peter Lurie. « Au lieu de demander une réduction des graisses saturées, RFK demande plus de beurre et de saindoux », fustige quant à lui Lawrence Gostin, professeur de droit de la santé publique à l’université de Georgetown, sur X, dénonçant « un torchon antiscience ». Ce document doit servir de base à l’établissement d’une feuille de route de potentielles solutions pour l’exécutif, qui devrait être publiée à l’été.
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