Cet accord de l’OMS sur les pandémies veut éviter de répéter les erreurs du Covid
COVID – Le texte est qualifié déjà d’historique. Après plus de trois ans de négociations acharnées, un accord international sur la lutte contre les pandémies a été adopté ce mardi 20 mai par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
« Cet accord est une victoire pour la santé publique, la science et l’action multilatérale. Il nous permettra, collectivement, de mieux protéger le monde contre les futures menaces de pandémie », a félicité le patron de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, cité dans un communiqué. « C’est un grand jour aujourd’hui (…) c’est un jour historique », a-t-il ajouté à l’AFP.
Le texte instaure une coordination mondiale plus précoce et plus efficace à la fois pour prévenir, détecter et répondre au risque pandémique et ce de manière plus rapide, après l’échec collectif face au Covid-19 qui a fait des millions de morts et dévasté l’économie mondiale.
La résolution portant sur l’accord avait été adoptée en commission lundi 19 mai au soir par 124 voix pour et aucune voix contre. « La pandémie de Covid-19 a été un électrochoc. Elle nous a rappelé avec brutalité que les virus ne connaissent pas de frontières, qu’aucun pays aussi puissant soit-il ne peut affronter seul une crise sanitaire mondiale », a relevé l’ambassadrice française pour la santé mondiale, Anne Claire Amprou, qui a coprésidé les négociations.
L’accord vise à garantir un accès équitable aux produits de santé en cas de pandémie. Le sujet avait été au cœur des nombreux griefs des pays les plus démunis lors de la pandémie de Covid-19, quand ils voyaient les pays riches s’accaparer les doses de vaccin et autres tests.
Partage de données et surveillance renforcée
Les négociations ont longtemps buté sur des questions de taille, telles que la surveillance des pandémies, le partage des données sur les agents pathogènes émergents et les avantages qui en découlent, à savoir les vaccins, les tests et les traitements.
En effet, l’accord, qui prévoit un nouveau mécanisme « d’accès aux pathogènes et de partage des avantages » (PABS), doit justement permettre « un partage très rapide et systématique des informations sur l’émergence de pathogènes à potentiel pandémique », selon Anne Claire Amprou. Chaque entreprise pharmaceutique qui accepte de participer au mécanisme devra, en cas de pandémie, mettre à la disposition de l’OMS « un accès rapide à un pourcentage visé de 20 % de sa production en temps réel de vaccins, de traitements et de produits de diagnostic sûrs », dont un « minimum de 10 % » à titre de don et le pourcentage restant « à un prix abordable ». Les détails pratiques du mécanisme doivent encore être négociés, d’ici un ou deux ans, afin que l’accord puisse être ratifié. Il faudra 60 ratifications pour que le traité entre en vigueur.
L’accord renforce aussi la surveillance multisectorielle et l’approche « une seule santé » (humaine, animale et environnementale). « Quand on sait que 60 % des maladies émergentes sont causées par des zoonoses, donc des pathogènes qui se transmettent de l’animal à l’homme, c’est évidemment important », souligne Anne Claire Amprou. Il encourage aussi l’investissement dans les systèmes de santé afin que les pays disposent de ressources humaines suffisantes et d’autorités nationales de réglementation solides.
Critique d’Elon Musk, les États-Unis absents des discussions
Pendant ces trois années de négociations, l’accord a été vivement combattu par ceux qui estiment qu’il va limiter la souveraineté des États. Parmi les pays qui se sont abstenus, se trouvent notamment l’Iran, Israël, la Russie, l’Italie, la Slovaquie et la Pologne.
Bien que le retrait américain de l’OMS, décidé par Donald Trump après son retour à la Maison Blanche, ne devrait entrer en vigueur qu’en janvier prochain, les États-Unis s’étaient déjà désengagés des négociations ces derniers mois. Et le pays n’a pas envoyé de délégués à l’assemblée. En 2023, le milliardaire Elon Musk s’était notamment opposé à cet accord, appelant les pays à « ne pas céder leur autorité » face au projet d’accord international visant à lutter contre les pandémies.
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