Santé

Cette étude alerte sur l’impact des aliments ultra-transformés sur la fertilité des hommes

SANTÉ – La surconsommation d’aliments ultra-transformés est régulièrement associée à un risque accru de développer de nombreuses maladies chroniques, telles que l’obésité, le diabète ou encore certaines affections cardiovasculaires. Mais des chercheurs montrent dans une nouvelle étude que même consommés sans excès calorique, ces produits ont des effets inquiétants sur la santé et la fertilité.

Dans une étude publiée dans la revue Cell Metabolism, des scientifiques du CNRS apportent un éclairage sur ce sujet. Une quarantaine de jeunes hommes ont suivi deux régimes successifs : l’un riche en aliments ultra-transformés, l’autre basé sur des produits peu ou non transformés. Deux sous-groupes ont été formés, l’un recevant les deux régimes en quantité modérée, adéquate pour leur âge, leur poids et leur niveau d’activité physique, l’autre recevant les deux régimes en excès de calories de 500 kcal par jour.

Dans chaque groupe, la quantité de calories du régime ultra-transformé et celle du régime peu transformé étaient la même. « Ce protocole expérimental permettait de dissocier l’effet de la surconsommation de calories de celui du régime lui-même », est-il souligné. Les résultats de l’étude sont jugés « préoccupants » par l’équipe de chercheurs. « Le régime ultra-transformé, à quantité calorique identique et consommé de façon modérée, a entraîné une prise de poids, une augmentation de la masse corporelle, ainsi qu’une augmentation du ratio LDL/HDL, un indicateur du risque cardiovasculaire », alertent-ils.

Changements hormonaux et perturbateurs endocriniens

Certains changements hormonaux ont aussi été observés, comme « la baisse de deux hormones impliquées dans le métabolisme et la fertilité masculine (respectivement l’hormone GDF-15 et la FSH) ». La qualité du sperme a également eu tendance à se détériorer, avec une baisse du nombre de spermatozoïdes mobiles.

Selon les chercheurs, « la complexité des procédés industriels, l’ajout d’additifs et la multiplication des étapes de préparation des aliments ultra-transformés, accroissent mécaniquement le risque de contamination par des polluants industriels ». Ces substances pourraient jouer un rôle dans les effets délétères des aliments ultra-transformés sur la santé.

Dans cette étude, la mesure de polluants et pesticides dans le sang et le liquide séminal des participants révèle « des changements dans les taux de lithium sanguin et d’un plastifiant (le phtalate cxMINP), un perturbateur endocrinien, qui se trouve en quantité plus élevée dans le sang et le liquide séminal après le régime ultra-transformé ».

Les chercheurs soulignent l’impact de l’alimentation ultra-transformée sur la santé du système reproducteur masculin, possiblement via l’action de perturbateurs endocriniens. Et établissent que la quantité de calories consommée n’est pas le seul facteur responsable de ces effets délétères.

Ils rappellent qu’en France, environ 80 % des produits disponibles en supermarché sont des aliments dits « ultra-transformés ». Ils se caractérisent par des processus de préparation industriels et l’ajout d’au moins un ingrédient de nature synthétique.