Comment la France peut interdire cette boisson très alcoolisée à base de vodka
SANTÉ – Son packaging ressemble à celui d’autres canettes énergétiques, voire d’un soda des plus classiques. La boisson Vody est cependant le collimateur du gouvernement, et pour une raison non négligeable : sa teneur en alcool ultra-élevée, pouvant grimper jusqu’à 22 degrés. Avec toutes les conséquences sur la santé que cela implique, notamment chez les plus jeunes, la cible prioritaire de la marque.
Mélange de vodka, de caféine, de taurine et de sucre, le Vody est populaire depuis plusieurs années dans les Antilles ou en Afrique, notamment chez les jeunes. Fabriquée en Allemagne et commercialisée sous canette de 25 cl entre 4 et 5 euros l’unité, elle commence seulement depuis quelques mois à être vendue dans l’Hexagone.
Aura-t-il fallu que le Vody commence à arriver dans les épiceries de l’Hexagone pour que les autorités se saisissent du problème ? Olivier Serva, député Liot de Guadeloupe, a en tout interpellé le gouvernement sur les conséquences de la consommation de cette boisson sur son île. « Il y a cinq jours, cinq jeunes sont décédés dans un terrible accident de voiture. Nous vivons un véritable drame sur nos routes, et quelle en est l’une des causes : le Vody. Derrière des codes marketing de simples sodas tropicaux, aux couleurs flashy, se cache un bien dangereux mélange », a interpellé le député, pointant du doigt la promotion agressive faite par la marque auprès des jeunes sur les réseaux sociaux.
Le député cite notamment le « Vody challenge » qui a percé sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok. Le concept : boire le plus de canettes de cette boisson ultra-alcoolisée, dont chacune d’entre elles équivaut environ à quatre shots de vodka. « Résultat : comas éthyliques, tachycardie, crises de panique et hallucinations », dénonce Olivier Serva.
« Un véritable fléau »
Un constat partagé par le ministre de la Santé, Yannick Neuder. Cette boisson, « avec un marketing extrêmement agressif pour notre jeunesse » et des « impacts cardiovasculaire et neurologique » est « un véritable fléau », a-t-il dénoncé à la tribune de l’Assemblée nationale.
Ce dernier a ainsi annoncé le lancement d’une « campagne de prévention vis-à-vis de notre jeunesse ». Mais il a également rappelé l’investigation en cours de la répression des fraudes autour de la « problématique d’étiquetage » de la boisson. En effet, la DGCCRF a annoncé le 1er mai dernier avoir ouvert une enquête – en collaboration avec l’Allemagne – sur le Vody, affirmant que « dans la mesure où le produit contient de la vodka et que son degré d’alcool est supérieur à 15 %, il ne s’agit pas d’une boisson énergisante mais d’une boisson spiritueuse ».
Mais Yannick Neuder affirme vouloir « aller bien plus loin ». « Je pense qu’il faut se doter de tous les leviers possibles pour envisager cette interdiction de ces substances qui sont néfastes pour notre jeunesse. Et avoir même recours à la réglementation européenne », a ainsi déclaré le ministre de la Santé.
Déjà interdite dans certains pays
Le ministre a notamment cité la proposition de loi transpartisane « visant à protéger les jeunes des publicités en faveur de l’alcool », initiée par les députés Karine Lebon (GDR) et Laurent Prud’homme (LFI). Ces derniers mettent notamment en avant la nécessaire adaptation de la loi Evin, votée en 1991 et qui régulait la publicité de l’alcool à la télévision, mais qui ne permet pas de répondre à la promotion faite sur les réseaux sociaux.
Alors que le Vody est également très populaire en Afrique, le gouvernement pourrait prendre exemple sur la Côte d’Ivoire, où la boisson est interdite depuis 2023 après plusieurs incidents graves.
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