Santé

Contempler des œuvres d’art est bon pour votre santé mentale

MUSÉOTHÉRAPIE – Et si, pour prendre soin de votre santé mentale, vous exploriez une aile isolée du musée du Louvre, découvriez la dernière expo du Mucem de Marseille ou plongiez dans Les Nymphéas de Claude Monet à Giverny ?

Loin d’être une lubie ou un luxe, l’accès à la culture a de véritables effets sur le bien-être mental, au point que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) en recommande depuis 2019 la prescription en complément des soins de santé conventionnels. Mais jusqu’ici, rares sont les études d’envergure à s’être penchées sur les réels effets du « bol d’art » sur la santé mentale. C’est désormais chose faite avec une vaste méta analyse réalisée par une équipe de psychologues de l’Université de Vienne, du Trinity College de Dublin et de l’Université Humboldt de Berlin. Publiée la semaine dernière dans le Journal of Positive Psychology, elle révèle que la contemplation d’art peut améliorer le bien-être eudémonique, c’est-à-dire le bien-être associé au sens de la vie et à la croissance personnelle.

« Si les bienfaits de la création artistique sur la santé mentale ont été largement étudiés, l’impact de la visualisation d’œuvres d’art a été sous-étudié et sous-estimé, explique ainsi Claire Howlin, professeure adjointe à l’École de psychologie du Trinity College. Pourtant, l’art visuel est présent et accessible dans les espaces du quotidien : musées, galeries, hôpitaux, à la maison… Comprendre ses effets peut ouvrir de nouvelles perspectives pour promouvoir le bien-être grâce à des rencontres quotidiennes avec l’art. »

Les bienfaits de l’art sur la santé mentale

Au total, les chercheurs ont passé au crible 38 études précédemment publiées, et portant sur un nombre total de 6 805 participants. La synthèse des résultats a montré que l’art, quelle que soit la forme qu’il prenait (peinture figurative ou abstraite, photographie, sculpture, installations…) s’avérait bénéfique pour le bien-être. Il n’est pas non plus nécessaire de se rendre au musée pour en profiter puisque ses vertus sur la santé ont aussi été observées dans les cliniques et hôpitaux, ainsi que par le biais de la réalité virtuelle. « Les gens pensent souvent à l’art comme à un luxe, mais nos recherches suggèrent que regarder de l’art – que ce soit comme un passe-temps ou comme une intervention de santé ciblée – peut contribuer de manière significative au bien-être », assure MacKenzie Trupp, auteur principal et chercheur à l’Université de Vienne. « En repensant l’art comme une ressource de bien-être accessible et à faible coût, cette étude ouvre des possibilités passionnantes pour intégrer l’art dans les environnements quotidiens et les stratégies de santé publique », ajoute le chercheur.

Un dispositif de plus en plus répandu

Si cette étude est la première à évaluer sur le long terme les effets de la contemplation d’œuvres d’art sur la santé mentale, les médecins ne l’ont pas attendue pour la prescrire à leurs patients. Dès 2018, le Musée des Beaux-Arts de Montréal (Canada) s’est associé à des professionnels de santé locaux pour faire de la « prescription muséale » un véritable complément aux offres de soins conventionnels. Le dispositif a depuis été adopté en Belgique, ainsi qu’en France, où des établissements de santé et des lieux culturels ont noué des partenariats pour permettre à des patients de les visiter gratuitement, sous réserve de présenter une « ordonnance muséale » délivrée par leur médecin. La ville de Rennes, le département des Yvelines ou encore Montpellier ont ainsi intégré l’accès à la culture et à l’art à leur offre de soins.

Reste désormais à étendre, et surtout à faire connaître cette initiative aux patients. Selon les premiers retours constatés par la métropole de Rennes, seul un patient sur quatre utilise sa prescription muséale – un taux qui reste comparable aux prescriptions classiques de médicaments. « Le plus important, c’est que les personnes ont le choix du lieu et de la forme de la visite, elles sont reconnues et considérées dans leur capacité à prendre soin d’elle-même, nous sommes là pour mettre en place les conditions qui leur permettront de passer un moment agréable », insiste Morgane Rouet, chargée du développement de l’action culturelle, auprès du magazine de la Métropole de Rennes. De son côté, Annaïg Rocheron, sage-femme au Centre Communautaire de santé du quartier rennais du Blosne, témoigne dans le même article des effets positifs de cet accès privilégié à la culture sur sa patientèle. « J’ai prescrit des visites à des mamans épuisées, pour qu’elles prennent du temps pour elles. Certaines familles ne partaient pas en vacances cet été, j’ai délivré des ordonnances à des enfants pour que leurs parents les accompagnent au musée. C’est un moyen de leur offrir un moment ensemble. »

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