Dans quels cas est-il recommandé de boire de l’eau en bouteille ? Une médecin nous répond
CONSOMMATION – L’eau, c’est la vie. Celle du robinet aussi. Ce jeudi 4 avril, Le Monde et Franceinfo ont révélé une note de l’Anses dans le cadre du scandale des eaux Nestlé, dans laquelle l’agence estime que la qualité sanitaire des eaux du groupe n’est pas garantie, et même qu’une surveillance élargie est nécessaire.
Le groupe avait reconnu en janvier dernier avoir utilisé des méthodes d’assainissement contraires aux réglementations sur ses eaux vendues en bouteilles – Perrier, Vittel, Hépar et Contrex. Une tromperie que Nestlé avait justifiée par sa volonté de garantir la sécurité sanitaire de ses produits. Or, la note de l’Anses révèle des contaminations microbiologiques (bactéries coliformes, Escherichia coli, entérocoques) sur de nombreux puits utilisés par le groupe, ainsi que la présence de polluant éternel dans les eaux. Ce qui atteste d’un « niveau de confiance insuffisant » pour « garantir la qualité sanitaire des produits finis », selon les autorités.
Alors que 48 % des Français déclaraient en 2023 boire quotidiennement de l’eau en bouteille, selon le baromètre annuel de Kantar pour le Centre d’information sur l’eau, Le HuffPost s’est demandé dans quelle situation l’eau en bouteille était vraiment recommandée, au détriment de celle qui coule du robinet. Contactée par nos soins, la médecin généraliste Brigitte Tregouet assure qu’il n’y a « pratiquement pas de situation où on recommande de l’eau en bouteille ». Si la prescription d’eaux minérales peut aider dans certains cas particuliers, cette pratique a « tendance à disparaître ».
Des indications « rares et très précises »
Certaines eaux en bouteille sont en effet « déséquilibrées », c’est-à-dire qu’elles sont très riches en minéraux – cela peut être en calcium, en sodium, en magnésium… Dans certains cas, certaines d’entre elles sont donc recommandées par les médecins à leurs patients.
« Pour les personnes qui ont fait des calculs rénaux, on peut essayer de modifier la composition minérale des urines en surchargeant le corps de certains minéraux grâce à une eau déséquilibrée », détaille la médecin.
Dans l’ensemble, ces indications sont « rares et très précises », indique-t-elle. « Si vous avez une carence en calcium, on ne vous dira pas de boire des litres de Contrex. On vous donnera des comprimés de calcium et une ampoule de vitamine D. L’intérêt de l’eau a beaucoup diminué. On a d’autres moyens pour soigner les gens », assure Brigitte Tregouet. Certaines eaux en bouteille sont même parfois clairement contre indiquées : « Les personnes cardiaques ne peuvent pas boire des eaux trop riches en sodium, comme la plupart des eaux pétillantes. »
L’eau en bouteille a par ailleurs été recommandée pour le nourrisson, mais l’eau du robinet convient également, selon Santé Publique France. Cela nécessite de prendre quelques précautions, comme ne pas mettre le goulot du biberon en contact avec le robinet, utiliser de l’eau froide et nettoyer régulièrement la tête du robinet. « Si on trouve un goût de chlore à l’eau du robinet, il suffit de laisser l’eau dans une carafe ouverte au réfrigérateur pendant quelques heures », ajoute le site du gouvernement.
L’eau du robinet, aliment le plus contrôlé de France
L’eau du robinet « convient très bien dans l’immense majorité des cas », selon Brigitte Tregouet. Pourtant, de nombreuses personnes font encore le choix de boire l’eau en bouteille. Le taux de confiance dans l’eau du robinet est passé de 85 % à 78 % entre 2022 et 2023.
La médecin reconnaît qu’il y a eu « des angoisses », quant à qualité de l’eau du robinet, à cause de la possible présence de « nitrate dans certains endroits où il y a de l’élevage intensif ». Cette eau peut être aussi « polluée par les matières fécales, s’il y a des troupeaux d’animaux à côté des puits », poursuit-elle. Mais lorsqu’il y a une alerte concernant la qualité de l’eau du robinet, la population est prévenue par les Agences Régionales de Santé.
En avril 2023, un rapport de l’Anses révélait une contamination de l’eau du robinet aux résidus de pesticides. Mais ces résultats ne remettent pas pour autant en cause la buvabilité de l’eau du robinet. C’est ce qu’expliquait à l’époque le médecin Damien Mascret sur France 3 : « On peut encore [boire l’eau du robinet] parce qu’on parle ici de qualité de l’eau pour lequel le seuil a été dépassé, mais il y a un autre seuil qui est bien plus haut qu’on appelle ici un seuil sanitaire et là, l’agence insiste bien, il n’a pas été dépassé. »
Sur son site, l’Anses précise par ailleurs, qu’« afin de garantir la santé du consommateur, [l’Agence] fournit à la Direction générale de la santé les repères scientifiques utiles à la surveillance de la qualité de l’eau du robinet. Pour cela, l’Agence met notamment en œuvre sa méthode pour identifier, parmi les métabolites de pesticides, ceux dont la présence dans les eaux destinées à la consommation humaine doit faire l’objet d’une attention prioritaire. »
En réalité, l’eau du robinet reste l’aliment le plus contrôlé de France, « à tous les niveaux de la chaîne de production et jusqu’à notre robinet », indique Santé Publique France. Ce qui en fait un aliment très « sur, […] économique et respectueux de l’environnement », puisqu’il n’utilise pas de plastique. Qui plus est, il a été démontré que l’eau en bouteille contenait une grande quantité de particules de plastique. Brigitte Tregouet conclut : « Je suis médecin et j’ai 65 ans. Je n’ai jamais vu de gens malades à cause de l’eau du robinet. Si ça existe, c’est très marginal. »
À voir également sur Le HuffPost :
La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.