Santé

Des malades utilisés pour la recherche sans leur accord ? Vautrin veut « faire la lumière »

JUSTICE – L’affaire a alerté jusqu’au sommet de l’État. Deux médecins lanceurs d’alerte accusent la hiérarchie du service de transplantation rénale de l’hôpital Édouard-Herriot, à Lyon, d’avoir utilisé certains patients pour de la « recherche sauvage », sans leur consentement, a révélé franceinfo. L’avocate des médecins, qui ont depuis quitté leur poste, a précisé ce vendredi 11 avril à l’AFP qu’une plainte pour mise en danger de la personne, violences mortelles, faux et usage de faux en écriture publique, non-assistance à personne en danger et pratique illégale d’investigation clinique allait déposer.

Interpellée sur le sujet, la ministre du Travail, de la Santé, de la Solidarité et des Familles a déclaré au micro de franceinfo qu’il était « absolument indispensable de faire la lumière sur ce dossier ». « S’il y a plainte, il y a enquête, il y a inspection », a précisé Catherine Vautrin, assurant que « les essais cliniques en France sont totalement encadrés ». « Le sujet qui est posé aujourd’hui c’est, dans quelles conditions cet encadrement a-t-il été respecté », a ajouté la ministre.

Ces deux anciens membres de l’équipe du service néphrologie et transplantation rénale de l’hôpital lyonnais assurent qu’en 2023, leurs cadres ont administré des traitements inhabituels et à risque à des patients greffés du rein, sans leur consentement et en dehors de tout protocole dans le but de servir la recherche médicale sur le système immunitaire.

D’après les plaignants, ce traitement composé de deux médicaments – une association de Basiliximab et de Rituximab – ne répondait pas aux recommandations internationales. « L’objectif c’était de tester une combinaison de médicaments pour voir ce que ça donnait. Sauf que cette expérience-là n’est pas autorisée », résume leur avocate Christelle Mazza.

Un patient décédé

Un groupe de patients – considérés comme présentant un profil fragile – aurait été concerné. Tous auraient reçu une greffe du rein en dépit du haut risque de rejet par leur système immunitaire. Le traitement devait permettre à la greffe de fonctionner. Selon la plainte, après le traitement, cinq patients auraient connu une « dégradation de l’état de santé ». L’un d’eux, âgé de 67 ans, est décédé. « Il s’agit d’un décès qui n’est pas cohérent par rapport à l’état de la personne quand elle est arrivée au sein de l’établissement », assure Christelle Mazza.

De leur côté, les Hospices de Lyon assurent auprès de franceinfo que « le décès du patient n’est pas lié au traitement reçu 6 mois auparavant ». Ils soutiennent également que la décision d’administrer ce traitement « a été prise après une discussion collégiale impliquant plusieurs membres de l’équipe aux expertises complémentaires ».

Les deux plaignants avaient déjà déposé une première plainte au parquet de Lyon en décembre 2024 pour « mise en danger de la personne, violences mortelles » ainsi que « non-assistance à personne en péril et pratique illégale d’investigation clinique ». La juridiction lyonnaise a indiqué à franceinfo que cette plainte était « toujours à l’examen ».

Une plainte pour harcèlement moral et harcèlement sexuel a également été déposée par ces médecins, qui affirment avoir été poussés à la démission après avoir alerté leur hiérarchie de cette situation.

À voir également sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.