Faire du sport de haut niveau enceinte, est-ce possible et recommandé ?
MATERNITÉ – Une archère qui dispute les Jeux Olympiques à 6 mois et demi de grossesse, une sabreuse qui révèle être enceinte de 7 mois après son élimination en huitième de finale… Ces JO de Paris ont été une nouvelle fois marqués par des sportives de haut niveau qui ont participé à la compétition tout en attendant un enfant.
Alors, est-ce qu’enceinte, tout est possible ? « Oui, répond Carole Maitre, gynécologue et médecin du sport à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (INSEP), à condition d’adapter l’activité sportive, même de haut niveau, en diminuant son intensité. » Nuance, tout de même : cela dépend du sport en question. Ce n’est pas pareil si on fait du saut de haie ou du tir à l’arc.
« Certains sports sont incompatibles avec la grossesse, comme les sports de combat, le saut à la perche etc. Ceux qui présentent un risque de chute, que ce soit une pratique intensive ou occasionnelle », rappelle-t-elle. Les sports d’impact, comme la course à pied, ne sont également en général pas recommandés en fin de grossesse. « Même si on se souvient de cette femme qui a couru le marathon de Boston à 9 mois de grossesse et qui a accouché dans la foulée, dans les deux sens du terme », rappelle la gynécologue.
Les bienfaits du sport pendant la grossesse
Pour les sportives, de haut niveau ou non, le médecin recommande de ne pas poursuivre ces sports au-delà du quatrième mois, même s’il y a des exceptions. « L’escrimeuse enceinte de 7 mois, j’espère qu’elle a eu un entraînement adapté, souligne la professionnelle. Les combats en escrime sont brefs, ce qui lui a permis de maintenir un bon niveau. »
Car lors de la grossesse, le développement abdominal de l’utérus provoque des changements dans les repères dans l’espace, la stabilité, des appuis, de l’équilibre. « La grossesse crée aussi une instabilité ligamentaire, avec plus de risques d’entorse de cheville », estime Carole Maitre.
« Ça galvanise »
Il n’y a en revanche aucune obligation de signaler sa grossesse à son entraîneur ou aux autres membres de son équipe, mis à part le contrat moral ou éthique qui les lie. Souvent, certaines sportives, au moins les premiers mois, préfèrent ne pas en parler pour ne pas modifier la perception qu’on peut avoir de leur performance ou de leurs capacités. « Dans les sports collectifs, c’est courant pour éviter que cela n’ait un impact sur le jeu », reconnaît-elle.
Pour la médecin, les bienfaits du sport pendant la grossesse ne sont en revanche plus à démontrer. « Il peut y avoir une diminution de certaines pathologies comme le diabète gestationnel, une limitation de la prise de poids excessive, une atténuation de la dépression du post-partum », liste-t-elle. Chez les athlètes, le fait de continuer un entraînement, adapté à chaque trimestre, permet une meilleure récupération des performances après la grossesse.
« Et surtout, ça renforce leurs motivations et leur engagement, quand c’est leur choix bien entendu, souligne-t-elle. La grossesse en cours de carrière, ça galvanise souvent les sportives, ça les pousse à faire encore plus et encore mieux. » Elle insiste sur le fait qu’il n’y a « pas de limite sur le retour à la performance » après l’accouchement, qui se fera progressivement, sans aller trop vite. « Beaucoup de sportives ont été médaillées après leur grossesse », glisse-t-elle.
Adapter sa pratique
La gynécologue encourage toutes les femmes qui souhaitent faire du sport pendant leur grossesse à ne pas hésiter, à partir du moment où ce n’est pas contre-indiqué. Et à en parler régulièrement à leur médécin, gynécologue ou sage-femme, aux différents stades de sa grossesse. « Il faut continuer ce que l’on faisait avant, sauf les sports à risque cités plus haut après les premiers mois, et la plongée sous-marine qui peut provoquer des risques de fausse couche ou de décollement du placenta », explique la gynécologue.
Et surtout adapter sa pratique, comme la boxe contre un sac et non plus contre un partenaire, ou monter à cheval mais en évitant le saut d’obstacles. Ce n’est en revanche pas le moment de commencer une activité que l’on ne maîtrise pas. La marche rapide, la natation, le vélo, le yoga adapté à la grossesse, la gymnastique aquatique sont recommandés.
La gynécologue conclut en démontant certaines idées reçues. « Le sport pratiqué de façon adaptée, avec une intensité modérée, n’est pas un facteur de risque de fausse couche ou de prématurité, rappelle-t-elle. Aussi, il n’y a pas plus de césariennes chez les sportives de haut niveau, c’est faux. »
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