Santé

Fertilité, bien-être… Cette étude se penche enfin sur la santé des femmes

SANTÉ – Retarder la ménopause, mais aussi améliorer plus largement le bien-être des femmes. Voici les promesses très excitantes mises en lumière par une étude nommée Vibrant, qui explore un champ de la recherche trop longtemps négligé : celui de la fertilité féminine.

Deux scientifiques, Yousin Suh et Zev Williams de l’université de Columbia se sont penchés sur le vieillissement des ovaires, l’organe à l’origine de l’ovulation. Ils ont testé une molécule réputée pour allonger la durée de vie des mammifères, la rapamycine. Connue de longue date, elle est extraite d’une algue récoltée sur l’île de Pâques et fait partie de la catégorie des immunosuppresseurs, régulièrement administrée après des greffes.

Aujourd’hui, après lecture des premiers résultats, ils ont découvert qu’elle peut aussi ralentir le vieillissement des ovaires. « Cela signifie que les personnes souffrant de problèmes de fertilité liés à l’âge ont désormais de l’espoir, alors qu’auparavant, ce n’était pas le cas » s’enthousiasme Yousin Suh qui évoque dans The Guardian des résultats « très très enthousiasmants ».

Passer de 50 à 15 ovules par mois

Les ovaires produisent des ovules en permanence, et à un rythme effréné. On parle d’environ 50 par mois, dont un seul atteint l’ovulation. Logique donc de le voir vieillir aussi vite, jusqu’à atteindre le point de non-retour : la ménopause.

Mais avec la rapamycine, ce rythme de production est ralenti, passant à environ 15 ovules par mois. D’après les premiers résultats de l’étude, il est réaliste de penser que le médicament pourrait réduire le vieillissement des ovaires de 20 %. Une prouesse en sachant que les femmes qui l’ont pris pendant l’été n’ont pas subi les effets secondaires que peut provoquer la rapamycine, comme des nausées, des maux de tête légers voir de l’hypertension artérielle.

Les bienfaits de la rapamycine vont même plus loin. Yousin Suh explique en effet que les participants à l’étude ont déclaré avoir constaté des améliorations de leur santé, de leur mémoire, de leur niveau d’énergie et de la qualité de leur peau et de leurs cheveux. Ces bénéfices vont de le sens des résultats d’autres études sur les effets de cette molécule.

Pour réussir cette prouesse, les chercheurs ont dû trouver le bon dosage car trop de rapamycine peut arrêter complètement l’ovulation. Mais toutes les femmes suivies dans le cadre de l’essai ont continué à avoir leurs règles normalement. « Cela signifie que nous avons trouvé le dosage parfait : si nous en donnions trop, les règles deviendraient irrégulières ou s’arrêteraient », note Zev Williams.

Un champ d’étude totalement négligé

Actuellement, l’étude réunie 34 participantes âgées de 35 ans au maximum. L’étude vise un panel définitif de 1 000 femmes et il est possible de postuler afin d’y participer. La taille pour l’instant réduite de l’échantillon peut être perçue comme un signe d’un problème plus large : la santé des femmes est un champ de recherche qui a longtemps été négligé.

Pendant des décennies, la science a considéré les différences corporelles féminines comme des facteurs de confusion à éliminer plutôt que d’étudier pour améliorer la vie de plus de la moitié de la population. Résultat, de très nombreuses questions sont restées sans réponse : Pourquoi les ovaires sont-ils l’un des premiers organes à vieillir ? Pourquoi les humains traversent-ils la ménopause alors que la plupart des animaux ne le font pas ? Et pourquoi l’âge de la ménopause varie-t-il énormément d’une femme à l’autre ?

Aujourd’hui encore, le développement de la recherche dans ce domaine demeure timide. Au Royaume-Uni, par exemple, seulement 2 % environ du financement de la recherche médicale est consacré à la grossesse, à l’accouchement et à la fertilité. Toutefois, des études comme celle Vibrant, la première à s’intéresser au vieillissement ovarien et à tenter de ralentir son rythme, sont des signes d’espoir.

À voir également sur Le HuffPost :

La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers” en cliquant sur le bouton ci-dessous.