Santé

Infections pulmonaires chez les enfants : une bactérie sous surveillance des médecins

SANTÉ – Alors que la Chine fait face à une hausse du nombre de maladies respiratoires, en France aussi, les pneumopathies se multiplient. Une « recrudescence inhabituelle de cas d’infections respiratoires » à la bactérie mycoplasma pneumoniae est actuellement observée, alerte mercredi le directeur général de la Santé dans un courrier urgent envoyé aux professionnels de santé.

L’immense majorité des infections sont bénignes et guérissent spontanément mais certains cas peuvent nécessiter une hospitalisation, précise ce courrier.

« J’ai eu le directeur général adjoint de l’OMS », a indiqué ce mercredi 29 novembre sur France info le ministre de la Santé Aurélien Rousseau, interrogé sur le sujet. « Les autorités chinoises, de ce qu’il ressort aujourd’hui et il y a forcément des incertitudes, c’est qu’ils connaissent un rebond de pneumopathies qui sont liées à une bactérie, qui s’appelle le mycoplasme. On la connaît bien (…), ce n’est pas un virus », a-t-il ajouté.

Du 13 au 19 novembre 2023, Santé Publique France recensait 700 consultations SOS Médecins et 2 150 passages aux urgences pour des pneumopathies chez les moins de quinze ans. Des chiffres plus hauts que ceux jamais enregistrés depuis au moins dix ans.

L’Hexagone assiste à une recrudescence particulière de cette bactérie, dont les infections se faisaient plus rares depuis quelques années. Une « réémergence retardée » d’après la revue scientifique The Lancet, grâce aux restrictions sanitaires mises en place depuis la Covid.

Sous surveillance particulière

« C’est rarement un germe très méchant, donc nous ne sommes absolument pas dans la même situation que lors du Covid. Mais il faut malgré tout surveiller et voir comment ça évolue. Certains enfants peuvent finir aux urgences, et, dans des situations rarissimes, en réanimation », confirme le Dr Andreas Werner, pédiatre allergologue à Villeneuve-lès-Avignon (Gard) et président de l’Association française de pédiatrie ambulatoire à nos confrères de La Croix.

Les médecins alertent particulièrement sur la santé des enfants qui ont entre 6 et 15 ans, plus sujets aux infections au mycoplasme. De nombreux cas sont recensés dans les écoles primaires et les collèges. « Ce sont des pneumonies dites aiguës communautaires, c’est-à-dire qu’elles ne s’attrapent pas à l’hôpital, mais en ville », indique le virologue Bruno Lina auprès de BFM-TV.

Une bactérie bien connue des médecins

Contrairement au Sras-CoV-2 (responsable du Covid-19), « mycoplasma pneumoniae » est une bactérie étudiée par les scientifiques depuis sa découverte en 1944. La contamination s’effectue au contact de grosses gouttelettes présentes dans la toux ou les éternuements d’une personne malade. Chaque année, elle provoque un pic de pneumopathies à l’approche de l’hiver, période dans laquelle nous sommes.

Au début de l’infection, les symptômes de cette maladie sont semblables à ceux d’un rhume : nez qui coule, mal de gorge, fièvre, fatigue, toux, gêne respiratoire, etc. Souvent, la guérison se fait naturellement après deux semaines de maladie.

Dans de rares cas, les symptômes s’intensifient et déclenchent des complications qui peuvent conduire à l’hôpital. La pneumonie est la forme développée la plus dangereuse après une infection à « mycoplasma pneumoniae ».

Traitement et stock de médicaments

Pour diagnostiquer cette infection il n’existe pas de test rapide, comme pour la grippe ou le virus respiratoire syncytial (VRS). Le mycoplasme peut être dépisté grâce à un test PCR en laboratoire. Les malades peuvent alors se soigner avec des antibiotiques (azithromycine, doxycycline ou, parfois, lévofloxacine ou moxifloxacine) prescrits par un médecin.

« C’est une bactérie qui répond très bien à des antibiotiques spécifiques, on les a sur le territoire », a assuré Aurélien Rousseau. « On a 6 mois de stock sur ces produits-là, mais on a aujourd’hui une augmentation comme dans tous les pays d’Europe de ces bactéries », a-t-il ajouté, soulignant que l’impact se faisait notamment sentir sur les urgences pédiatriques.

L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) « assure un suivi renforcé de la consommation des antibiotiques utilisés en période hivernale dans le cadre de la lutte contre les pénuries de médicaments ».

Le ministère a demandé début novembre aux groupes pharmaceutiques et aux pharmaciens de prendre plusieurs engagements afin de lutter contre les pénuries de certains médicaments, un problème qui s’était particulièrement accentué l’hiver dernier.

Antibiotique très courant, l’amoxicilline, était devenu emblématique de ces pénuries, en se révélant très difficile à trouver pendant de longues semaines, notamment dans sa version destinée aux enfants.

À voir également sur Le HuffPost :