Santé

La dernière saison de « Sex Education » met avec brio en lumière le dépistage du cancer des testicules

SÉRIES TÉLÉ – Otis ceci, Otis cela. La dernière saison de Sex Education, disponible sur Netflix depuis mi-septembre, nous a rappelé à quel point son personnage principal pouvait être agaçant. Mais elle a permis de mettre en lumière les arcs scénaristiques riches de certains de ses personnages secondaires, comme celui d’Aimee, ou encore de Jackson.

Comme depuis les débuts de la série britannique de Laurie Nunn, qui raconte sans pincettes les histoires de cul et de cœur d’un lycée du Royaume-Uni, Jackson, notre ex-nageur ambitieux, cherche toujours ce qu’il aime vraiment faire dans la vie.

L’épisode 2 de cette quatrième saison est éclairant, pour lui comme pour nous, lorsqu’il découvre les joies du plaisir prostatique. Le lycéen est surpris, mais pas désintéressé. Loin de là. Une scène plus tard, c’est confirmé. Jackson adore qu’on lui mette un doigt dans les fesses quand il fait l’amour.

Sauf qu’au moment de quitter sa chambre, la jeune femme qui l’y a initié lui fait une annonce déconcertante : « C’est sûrement rien, mais j’ai senti un truc dans ton testicule. Une sorte de boule. Tu devrais aller consulter. » La question fait naître en lui une angoisse, qui ne fera que grandir au rythme de la saison. Se pourrait-il qu’il ait un cancer des testicules ?

Le sujet n’a rien d’anodin. Bien qu’il ne représente qu’entre 1 et 2 % des cancers chez l’homme, le cancers des testicules est le cancer le plus fréquent chez les jeunes hommes âgés de 15 à 35 ans, c’est-à-dire à partir de la puberté, période à partir de laquelle les testicules produisent des spermatozoïdes.

Dépister le cancer des testicules

Ces spermatozoïdes sont produits par des cellules dites germinales. Dans 95 % de cas, nous informe une brochure de la Fondation pour la recherche sur le cancer, les tumeurs liées aux cancers des testicules se développent à partir de ces cellules.

D’après l’institut de recherche, le taux de guérison, dans les cas des formes localisées, est proche de 100 %. Pour les formes métastatiques, il est au-dessus de 70 %. Comme l’a expliqué au HuffPost l’oncologue Maya Gutierrez, « ce n’est jamais une bonne nouvelle, mais le pronostic vital est rarement engagé ».

Il convient, pour ça, de le découvrir à temps. « C’est possible de le dépister soi-même », continue la praticienne de l’institut Curie. Comment ? Par l’autopalpation ou, comme dans l’histoire de Jackson, avec l’aide d’un ou d’une partenaire. « Attention, la présence d’une anomalie, comme une boule (petite ou grosse), n’est pas forcément une tumeur » , rassure Maya Gutierrez. Cela peut aussi être lié à une IST. Quoi qu’il en soit, « il ne faut pas attendre que ça se résorbe tout seul ».

Direction le médecin généraliste qui, en plus d’examiner la présence (ou non) de gros ganglions (réaction du corps qui pourrait orienter le diagnostic vers certaines pathologies comme les tumeurs ou les IST), va prescrire un examen complet, et notamment une échographie. Suivre ce chemin est important. « Avec les résultats de cette échographie, ce sera plus rapide d’obtenir un rendez-vous avec un spécialiste » précise Maya Gutierrez.

Diffuser Sex Education à l’école ?

Depuis plusieurs décennies, le nombre de cas de cancer des testicules a progressé, d’après la Fondation pour la recherche sur le cancer. Alors même que la mortalité a diminué de moitié entre les années 1990 et 2018, l’incidence a, elle, nettement augmenté « passant de 4,3 cas pour 100 000 personnes en 1990 à 8,7 en 2018 », selon la brochure.

Et pourtant, les cancers des testicules restent peu connus. Est-ce lié à leur rareté ? À leur taux de guérison rassurant ? Même s’ils ne sont « pas considérés comme prioritaire en matière de santé publique », en parler, comme dans les séries, a son intérêt, nous dit Maya Gutierrez.

« Traditionnellement, nous rappelle-t-elle, une palpation des testicules était systématiquement pratiquée au moment du service militaire [enterré par Jacques Chirac, en France en 1997, ndlr]. Cela avait ainsi permis de dépister un certain nombre de cancers chez les hommes qui ne s’en étaient pas aperçus par eux-mêmes. » 25 ans plus tard, Sex Education a pris le relais. Et c’est tant mieux.

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