La HAS recommande le dépistage systématique du CMV pendant la grossesse
SANTÉ – C’est une infection qui peut avoir de lourdes conséquences si elle a lieu durant la grossesse. Dans un avis rendu public mardi 17 juin, la Haute autorité de santé (HAS) a recommandé de systématiquement dépister le cytomégalovirus (CMV) pendant le premier trimestre de grossesse, une mesure réclamée de longue date par une partie du corps médical en raison des risques pour le fœtus.
La HAS « recommande de mettre en place un dépistage systématique, à destination de toutes les femmes enceintes dont le statut sérologique est inconnu ou négatif » de ce virus de la même famille que celui du bouton de fièvre, de l’herpès génital ou de la varicelle, dit-elle dans un communiqué.
L’autorité de santé, dont les avis sont le plus souvent suivis par le gouvernement, tranche ainsi un débat de longue date entre partisans et adversaires d’un dépistage généralisé des infections au CMV pendant la grossesse.
Un tiers des femmes enceintes déjà dépistées
Les infections au CMV sont très courantes – près d’une femme sur deux a été en contact avec ce virus – et généralement sans gravité. Mais chez une femme enceinte, elles peuvent causer de graves séquelles chez l’enfant à naître. Des cas de surdité, de troubles neurologiques, des retards globaux de développement et des formes de paralysie ont été recensés suite à une infection de la mère lors de sa grossesse.
De nombreux médecins sont favorables à un dépistage systématique, en particulier l’Académie de médecine qui a pris plusieurs fois position en ce sens. Dans les faits, les soignants prescrivent souvent un dépistage au CMV. « Environ un tiers des femmes enceintes en France se font déjà dépister pour le CMV, explique auprès du Monde Yves Ville, chef de service de la maternité Necker-Enfants malades à Paris (AP-HP). Ce sont des femmes bien informées, qui résistent quelquefois au découragement qu’on leur oppose quand elles le demandent, et qui finalement l’obtiennent… explique-t-il. Désormais, le dépistage sera également expliqué et proposé aux femmes qui ne le connaissent pas. »
Une réévaluation après trois ans
Mais l’idée de généraliser le dépistage du CMV ne fait pas consensus. Le Haut conseil de la santé publique (HCSP), autorité distincte de la HAS, s’est ainsi prononcé en sa défaveur. Selon le HCSP, les bénéfices d’un tel dépistage ne sont pas évidents, notamment parce que l’on manque de recul sur les risques du principal traitement prescrit aux femmes enceintes en cas d’infection au CMV.
La HAS, qui avait été saisie sur le sujet par le ministère de la Santé, prend finalement le contrepied du HCSP, défendant sa position par « le fardeau que représente l’infection par le CMV au cours de la grossesse ». Elle cite également « les inégalités de dépistage sur le territoire et l’existence d’un test de détection et d’un traitement pouvant limiter la transmission au fœtus ».
Toutefois, la recommandation n’est que provisoire : l’autorité demande à réévaluer après trois ans l’intérêt du dépistage systématique à partir des données qui auront été recueillies. Cette réévaluation devra notamment préciser les connaissances sur l’efficacité réelle des tests, ainsi que « la sécurité du valaciclovir sur le long terme, à plus large échelle et son effet sur les séquelles du fœtus et du nouveau-né ».