L’alerte de ces scientifiques sur la pollution plastique avant d’ultimes négociations mondiales
ENVIRONNEMENT – Ils tirent la sonnette d’alarme. Des scientifiques alertent sur les dangers de la pollution plastique dans le monde et sur la santé, à la veille de la rencontre, mardi 5 août, des représentants de près de 180 pays à Genève. Ces derniers ont bon espoir d’élaborer le premier traité mondial pour éliminer la pollution plastique, malgré l’opposition des pays producteurs de pétrole et de gaz.
Comme le rapporte Le Monde ce lundi 4 août, trente chercheurs des plus grandes institutions académiques ont publié un rapport dans la revue médicale The Lancet, qui compile les données les plus récentes sur le sujet. Plus précisément sur les multiples impacts sanitaires des plastiques.
Ainsi, ils lancent le « Lancet Countdown on Health and Plastics », qui permet de « documenter dans la durée leurs effets sur la santé et de suivre les éventuels progrès réalisés pour les atténuer », explique Le Monde.
Des décès par dizaines de milliers par an
Dans ce rapport de 19 pages, les scientifiques estiment que les dangers de la pollution plastique sont largement « sous-estimés » et veulent placer le sujet « au centre des débats ». Il est rappelé que le plastique, quelle que soit l’étape de son cycle de vie, est responsable de maladies et de décès « par dizaines de milliers », d’abord chez les populations défavorisées. En outre, « les pertes économiques liées à ces pathologies sont estimées à plus de 1 500 milliards de dollars (environ 1 300 milliards d’euros) par an », souligne le quotidien.
À ce stade, si la production de plastique demeure incontrôlée, elle pourrait tripler d’ici 2060, selon les projections de l’OCDE, pour atteindre 1,2 milliard de tonnes par an.
D’un point de vue sanitaire, le rapport évoque une estimation « prudente » d’au moins 35 000 décès prématurés par an chez les ouvriers qui travaillent sur les sites de production de polymères. Ceci à cause de l’exposition aux substances chimiques toxiques.
Et c’est sans compter le reste de la population mondiale, totalement imprégnée de polluants toxiques, même in utero. Naissances prématurées, infertilité, cancers, infarctus, obésité, diabète de type 2, maladies cardiovasculaires, hypertension, diminution des capacités cognitives… la liste des répercussions médicales établie par le rapport est longue. « L’ampleur réelle des effets néfastes de ces produits chimiques sur la santé est sous-estimée », déplorent les scientifiques.
« Il est très possible de quitter Genève avec un traité »
Sur la planète, on produit actuellement 460 millions de tonnes de plastique chaque année, dont la moitié à usage unique. Et moins de 10 % des déchets plastiques sont recyclés. La production de déchets plastique dans les sols, les cours d’eau, du sommet des montagnes aux océans, devrait bondir de 50 % d’ici 2040, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), qui assure le secrétariat des négociations onusiennes.
En se décomposant en micro et nanoplastiques qui contaminent les écosystèmes, les polymères pénètrent jusque dans le sang et les organes humains, montrent des études récentes.
C’est donc pour toutes ces raisons que certains pays veulent agir. Malgré l’extrême complexité de la négociation, qui touche des intérêts antagonistes de la société moderne (produits chimiques, développement économique versus environnement, santé), « il est très possible de quitter Genève avec un traité » a déclaré cette semaine à la presse la Danoise Inger Andersen, directrice exécutive du Programme des Nations unies pour l’environnement.
Le plus difficile concerne le fait d’inscrire (ou non) dans le texte final une limitation de la production de plastiques neufs, résume Saeed Hamid, membre d’une coalition regroupant 39 États insulaires. Des pays pétroliers comme l’Arabie saoudite, l’Iran ou la Russie ne veulent pas en entendre parler et ont contribué à l’échec de précédentes discussions, à Busan en Corée du Sud, en décembre 2024.


