Le Sidaction change de nom (et ça a un lien avec le budget Lecornu)
POLITIQUE – Un signal d’alarme adressé au gouvernement. Alors que l’équipe ministérielle menée par Sébastien Lecornu a révélé son projet de budget pour 2026 en début de semaine, le Sidaction change son logo pour devenir « Sidération ». « Un geste fort et symbolique, à la hauteur de l’urgence », a justifié l’association de lutte contre le sida ce mercredi 15 octobre dans un communiqué.
Ce nouveau logo, que vous pouvez voir ci-dessous, est diffusé en ligne et dans le métro parisien. « L’aide publique au développement » (APD) investie par la France dans de nombreux pays « est l’un des budgets de l’État les plus durement amputés » en 2025, souligne le Sidaction, qui déplore que « le dernier projet de loi de finances connu pour 2026 prévoi[e] une nouvelle baisse drastique ». Si elle se confirme, « des millions de personnes seront privées de prévention, de dépistage et de soins », prévient l’association.
Dans son communiqué, cette dernière exprime « sa sidération » et « alerte sur les conséquences tragiques de cet arbitrage budgétaire qui réduira les moyens alloués au renforcement des systèmes de santé dans de nombreux pays », mais aussi ceux « dédiés au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme », dont la France est un « pays fondateur ».
Le Sidaction dénonce le « débat caricatural » autour de l’APD
Cette possible baisse du budget de l’APD française est particulièrement préoccupante au vu du contexte international, estime Florence Thune, directrice générale de Sidaction. « Les baisses brutales et massives des financements américains », sous l’impulsion de l’administration Trump, « ont déjà eu un effet dévastateur sur les acteurs de terrain », avertit-elle, regrettant que « la France sui[ve] malheureusement le même chemin ».
De retour au pouvoir depuis janvier, Donald Trump avait fait campagne en attaquant de façon virulente l’USAID, qui finançait de nombreux programmes d’aide à l’étranger. Le républicain l’accusait de promouvoir un agenda militant et de représenter un gouffre pour les finances publiques. Ce discours a eu de l’écho chez certains élus français d’extrême droite, comme l’eurodéputée (Reconquête) Sarah Knafo, qui a multiplié les charges et les « approximations » contre l’APD, comme le relevait Libération en février.
« Depuis plusieurs mois, l’aide publique au développement est instrumentalisée dans le cadre d’un débat caricatural », regrette le Sidaction dans son communiqué, rappelant que l’APD ne représente « que 0,6 % des dépenses de l’État ». « L’APD en matière de santé est un investissement », insiste la présidente Florence Thune. « Sacrifier la santé mondiale est non seulement un déni de solidarité à l’échelle de la planète, mais également une erreur économique », estime-t-elle.


