Santé

Non, Elon Musk, les bloqueurs de puberté ne sont pas des « médicaments stérilisants »

TRANSITION – « Les bloqueurs de puberté ne sont en fait que des médicaments stérilisants ». Ces paroles, erronées, prononcées par Elon Musk en pleine interview ce lundi 22 juillet ont donné du grain à moudre aux plus réactionnaires sur les questions trans. Dans cet entretien au Daily Wire, le milliardaire y évoque la transition de Vivian Jenna Wilson, sa fille, en 2022, âgée de 20 ans aujourd’hui et affirme avoir « perdu son fils ».

Marion Maréchal, tête de liste Reconquête pour les européennes et déjà épinglée pour des propos transphobes, y a ainsi vu un « émouvant témoignage d’Elon Musk qui raconte son engagement contre le wokisme après que l’un de ses enfants a pris des bloqueurs de puberté stérilisants pour changer de sexe ». Sauf que c’est faux.

Suspendre le développement des caractères sexuels secondaires

Les bloqueurs de puberté, des hormones de synthèse, imitent les vraies hormones de la puberté, empêchent la stimulation des gonades (ovaires, testicules) et la sécrétion des stéroïdes sexuels (œstrogènes, testostérone). Lorsqu’un enfant ne s’identifie pas à son genre biologique – on parle de « dysphorie de genre » – les bloqueurs de puberté permettent de suspendre le développement des caractères sexuels secondaires comme la poitrine, la pilosité, la voix.

Il ne s’agit donc en aucun cas de « médicaments stérilisants » comme l’affirme Elon Musk. « On part du principe que les bloqueurs de puberté sont l’autoroute et la porte ouverte à toutes les fenêtres. Alors qu’ils ont pour fonction de donner le temps à ces enfants d’explorer leur genre et peut-être de se dire qu’en fait non, soulignait en mai Lucile Montalescot, maîtresse de conférences en psychologie clinique de la santé à l’Université de Nîmes, auprès du HuffPost. Et qu’ils puissent explorer leur identité accompagnés, dans un environnement sécurisant, accompagnés. »

Dès qu’ils sont arrêtés, l’évolution de la puberté reprend son évolution naturelle. Ces bloqueurs de puberté sont également prescrits à des enfants atteints de puberté précoce. Ils ne doivent pas être confondus avec les hormones sexuelles, dont la prescription est autorisée à partir de 16 ans à des jeunes en transition, et qui ont des effets permanents comme la mue de la voix.

« Un porte-étendard pour la droite conservatrice »

En France, la question des bloqueurs de puberté s’est notamment invitée dans le débat, à la faveur de la proposition de loi LR sur la transidentité des mineurs, adoptée au Sénat en mai dernier. Soutenu par la droite et l’extrême droite, l’objectif du texte est d’« encadrer les pratiques médicales mises en œuvre dans la prise en charge des mineurs en questionnement de genre ».

Si Elon Musk et l’extrême droite en France se positionnent sur ce sujet, extrêmement minoritaire, ce n’est pas un hasard. Selon la chercheuse, le sujet de la transidentité est devenu ces dernières années, en France et dans le monde, un « porte-étendard pour la droite conservatrice ». « Après le mariage pour tous, ils ont trouvé un nouveau truc pour fédérer les gens autour d’une question où les gens ne sont pas très renseignés, se sentent un peu perdus, estime Lucile Montalescot. Et du coup ils capitalisent sur cette méconnaissance et sur ce manque de données. »

La proposition de loi en France prévoyait dans un premier temps d’interdire les bloqueurs de puberté, les traitements hormonaux et les opérations chirurgicales avant l’âge de 18 ans. Un amendement a finalement autorisé les bloqueurs pour les mineurs, à condition que ces derniers soient suivis depuis deux ans par des médecins exerçant dans un des « centres de référence pluridisciplinaires », « après évaluation de l’absence de contre-indication et de la capacité de discernement du mineur ».

Le texte demande en revanche toujours l’interdiction des traitements hormonaux à caractère définitif aux moins de 18 ans. Il doit désormais être examiné par l’Assemblée nationale. Dans une note sur le parcours de transition des personnes transgenres de 2022, la Haute Autorité de santé (HAS) précise que moins de 300 adolescents de 17 ans et moins en France souffraient d’une affection de longue durée (ALD) pour « transidentité » en 2020.

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