Pour (enfin) faire de la santé mentale sa grande cause, le gouvernement choisit pour parrain un sportif star

FRANCE – Une manière d’enfin lancer la « grande cause nationale » promise ? Le gouvernement, critiqué pour son peu d’action en matière de santé mentale pourtant censée être au cœur de son action en 2025, a désigné ce lundi 2 juin le judoka Teddy Riner comme parrain et a lancé une campagne de communication.

« Le gouvernement lancera […] à partir du 3 juin une grande campagne nationale de communication pour faire évoluer les représentations liées à la santé mentale », a-t-il déclaré dans un communiqué, évoquant un « enjeu de sensibilisation et de déstigmatisation ». Cette campagne visera à engager « chacun à s’interroger sur sa propre santé mentale tout en assumant un rôle actif auprès des autres ».

Le gouvernement a également annoncé que le judoka Teddy Riner, le judoka le plus titré de l’histoire, serait le parrain de cette grande cause, afin de marquer une « nouvelle étape ». Invité de l’émission Quotidien, le double médaillé d’or aux JO de Paris a réagi à cette annonce. « Enfin on parle un peu de la santé mentale des Français. Je sais que depuis l’âge de 14 ans, j’ai eu la chance d’être accompagné par un psychologue, qui m’a permis de préparer mes compétitions et de grandir en tant qu’homme », a confié Teddy Riner, évoquant le « tabou » de la santé mentale dans le sport, mais pas seulement.

« En France, le problème, c’est que le mot “psy” fait peur. Parce que tout de suite, on imagine problème, ou médicament. Tout le temps je dis, remplacez ce mot par thérapeute, meilleur ami, quelqu’un qui va vous accompagner et vous faire grandir, qui va vous aider à trouver les solutions », a-t-il encore déclaré sur le plateau de l’émission de Yann Barthès.

« Après cinq mois, peu d’actions ont été annoncées »

Un spot intitulé « Bouge aussi pour ta santé mentale », qui sera diffusé par France Télévisions à l’occasion du tournoi de tennis de Roland-Garros, insistera sur l’intérêt de l’activité physique pour la santé mentale.

Ces annonces interviennent alors que plusieurs voix, y compris au sein de la majorité, se sont récemment élevées pour critiquer un manque d’action gouvernemental sur le sujet. Le secteur de la psychiatrie publique fait face à un manque de moyens et à une difficulté d’accès aux soins, régulièrement soulignés par les professionnels.

« Après cinq mois, peu d’actions ont été annoncées », a regretté la semaine dernière à l’Assemblée nationale la députée macroniste Nicole Dubré-Chirat, réclamant un « plan pluriannuel ». Son collègue parlementaire, ex-socialiste, David Taupiac (groupe Liot), a regretté qu’« à Paris, les slogans sonnent bien » mais que « la réalité sur nos territoires est tout autre ».

Le ministre de la Santé Yannick Neuder a répondu que la santé mentale était « une de (s)es priorités » et promis de décliner plusieurs mesures lors d’un « comité de stratégie santé mentale » mi-juin.