Santé

Pourquoi cette campagne de l’Assurance maladie provoque la colère des médecins généralistes

SANTÉ – La nouvelle campagne de l’Assurance maladie auprès des médecins généralistes les plus prescripteurs de journées d’arrêt maladie, pour qu’ils réduisent cette pratique, suscite la colère des syndicats de médecins.

L’Assurance maladie a lancé ces dernières semaines une nouvelle campagne de « mise sous objectif » des médecins généralistes les plus prescripteurs de journées d’arrêt maladie. Elle prend contact auprès de ces praticiens et lance une procédure visant à ce qu’ils s’engagent à baisser, en général de 20 % selon le syndicat MG France, le nombre de jours d’arrêts maladie qu’ils prescrivent.

Selon l’Assurance maladie, environ 500 médecins généralistes en France sont concernés par cette nouvelle campagne, avec des « mises sous objectif » qui seront effectives à partir du 1er septembre. Une deuxième vague suivra ensuite, avec des « mises sous objectif » effectives à partir du 1er janvier.

« Ce qui nous pose problème, c’est que cette nouvelle campagne ne vise que les arrêts longs », a expliqué jeudi 19 juin dans une conférence de presse le docteur Agnès Giannotti, la présidente du principal syndicat de généralistes libéraux en France.

« Il ne s’agit ni de fraude, ni d’abus »

« Mais vous imaginez bien qu’un médecin généraliste dans son cabinet ne va pas arrêter sur une longue durée quelqu’un qui n’en a pas besoin. Il ne s’agit ni de fraude, ni d’abus, mais de patients qui en ont besoin et pour lesquels nous sommes coincés », sans autre solution pour éviter une nouvelle dégradation de l’état de santé de la personne, a-t-elle ajouté.

« Dans la plupart des cas », le médecin ciblé par l’Assurance maladie a « une pratique parfaitement normale et raisonnable, et son seul moyen de baisser de 20 % le chiffre de prescription sera de brimer ses patients », a-t-elle indiqué.

Une précédente campagne avait eu lieu en 2023/2024, et avait été très mal reçue dans la profession. Tous les syndicats de médecins recommandent aux médecins généralistes concernés de refuser la « mise sous objectifs ». Ce refus provoque la « mise sous accord préalable » du médecin, ce qui signifie que toutes ses prescriptions d’arrêt maladie doivent être approuvées par le médecin conseil de l’Assurance maladie.

Mercredi 18 juin, la vigie des dépenses de santé (le comité d’alerte sur le respect de l’objectif de dépenses d’assurance maladie) a averti que les dépenses d’indemnités journalières avaient augmenté de 6,7 % sur les 4 premiers mois de 2025, et qu’elles pourraient dépasser de 0,5 milliard d’euros la prévision faite dans le budget de la Sécurité sociale pour 2025.