Santé

Voici les précautions à prendre pour éviter une contamination à la bactérie E. coli

SANTÉ – Deux fillettes ont frôlé la mort. Un bébé de 18 mois et une enfant de 7 ans ont été hospitalisés dans un état grave dans la région lyonnaise. La cause ? Elles ont ingéré du morbier, un fromage au lait cru qui avait été contaminé par la bactérie Escherichia coli (E. coli). Elles souffrent du syndrome hémolytique et urémique (SHU), une maladie infectieuse qui peut apparaître après avoir été infecté par la bactérie.

« On a cru la perdre », a confié le papa de la fillette de 7 ans, Élise, au Parisien le 10 février. Si elle est aujourd’hui hors de danger, elle n’a pas récupéré toutes ses fonctions rénales et pourrait subir une greffe de rein. Quant à Clara, âgée d’un an et demi, elle ne peut ni marcher, ni manger, après avoir passé trois semaines sous dialyse et 25 jours sous coma artificiel, selon BFMTV. Les deux familles ont porté plainte contre X.

Ce ne sont pas les seuls enfants à avoir été infectés par la bactérie E. coli ces dernières semaines. En fin d’année 2023, ils sont onze à avoir été identifiés par les autorités de santé comme étant touchés par le syndrome hémolytique et urémique (SHU) pédiatrique. E. coli était également à l’origine du scandale qui avait touché certaines pizzas surgelées Buitoni en 2022 : plusieurs cas graves de contamination avaient été détectés chez des personnes ayant consommé ces pizzas. Deux enfants étaient morts.

Quels sont les symptômes d’une contamination ? Comment éviter les risques ? On fait le point.

Qu’est-ce que la bactérie E. coli ?

Selon l’Institut Pasteur, la bactérie E. coli réside dans les intestins d’animaux à sang chaud, comme les bovins. Elle peut aussi se trouver dans leurs selles, ce qui peut contaminer des sols, l’eau ou le fumier.

La transmission se fait principalement par l’ingestion de produits contaminés. Le plus souvent, elle survient après que la personne a mangé des produits laitiers au lait cru – comme le morbier –, ou de la viande crue, et plus rarement des végétaux crus. Elle peut également survenir en portant ses mains sales à la bouche après avoir touché des animaux contaminés. Mais aussi par contact avec une personne malade « qui présente une diarrhée et excrète la bactérie dans ses selles », selon Santé publique France (SPF).

En réalité, toutes les souches de la bactérie ne sont pas nocives pour l’homme. La plus dangereuse est celle dite « entérohémorragique ».

Quels sont les symptômes et les risques du SHU ?

Dans les simples cas d’infection, la bactérie provoque des maux de ventres, des diarrhées parfois sanglantes, trois à quatre jours après la contamination, voire parfois des vomissements et de la fièvre.

Dans 10 % des cas, l’infection à cette bactérie est à l’origine du syndrome hémolytique et urémique (SHU), une maladie infectieuse beaucoup plus grave qui affecte les reins, selon l’Institut Pasteur. Si elle touche toutes les catégories de la population, les jeunes enfants font partie des personnes à risque, comme les personnes âgées.

Les risques pour la santé sont plus graves lorsque le syndrome hémolytique et urémique se développe. Santé Publique France détaille : « Les personnes atteintes de SHU (…) présentent alors des signes de grande fatigue, de pâleur, une diminution du volume des urines, qui deviennent plus foncées, et parfois des convulsions. »

Cette maladie atteint surtout la fonction rénale des personnes infectées. Selon SPF, elle représente ainsi « la principale cause d’insuffisance rénale aiguë chez l’enfant de moins de trois ans en France ». Elle laisse fréquemment la personne touchée avec de graves séquelles, comme une insuffisance rénale chronique des années après l’épisode de SHU.

D’autres organes peuvent être touchés, comme le cerveau et le cœur. Un quart des personnes souffrant de SHU développe aussi des complications neurologiques, pouvant aboutir à un état de coma, selon l’Institut Pasteur.

Le SHU relève d’une prise en charge hospitalière et repose principalement sur le traitement des symptômes. Les formes sévères peuvent nécessiter un traitement par dialyse et/ou transfusion sanguine au sein d’un service de réanimation. Et la plupart des antibiotiques sont déconseillés pour traiter les infections.

Cette maladie est très rare : en moyenne, seulement 150 cas par an de SHU pédiatrique ont été rapportés à SPF sur les dix dernières années. Le taux de mortalité est de 1 % en France (3 à 5 % dans le monde).

Éviter certains aliments

Il existe des solutions pour diminuer les risques de contamination. Santé Publique France recommande des mesures d’hygiène (lavage de main et des ustensiles de cuisine), mais aussi de proscrire la consommation de certains aliments chez les jeunes enfants. Les viandes, surtout la viande hachée de bœuf, doivent être bien cuites à cœur, et non pas rosées ou saignantes, pour atteindre 70 °C, la température qui tue la bactérie.

Les produits laitiers au lait cru (le reblochon, le roquefort, le morbier…) sont à proscrire chez les enfants de moins de 5 ans, chez qui il faut préférer les fromages à pâte cuite comme le comté, l’emmental ou le beaufort, ou les fromages au lait pasteurisé. SPF recommande également de bien cuire les préparations à base de farine et de laver soigneusement les légumes, fruits et herbes aromatiques avant de les consommer crus.

L’agence gouvernementale conseille enfin d’éviter la consommation par les enfants d’eau non traitée (rivière, puits…), ainsi que les contacts avec certains animaux (vaches, moutons…) et leur environnement. Si cela se produit, l’enfant doit se laver les mains avant de les porter à la bouche.

En décembre dernier, de nombreux fromages avaient été rappelés par les autorités sanitaires, dont du morbier et du fromage à raclette. Début février, Santé Publique France a appelé une nouvelle fois les parents à la vigilance, selon BFMTV : « Nous rappelons que le lait cru, les fromages à base de lait cru et les produits laitiers fabriqués à partir de lait cru ne doivent pas être consommés par les enfants de moins de 5 ans. »

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