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Chabal, le témoignage qu’il fallait au rugby pour prendre la mesure du problème des commotions ?

RUGBY – Sa prise de parole a fait grand bruit cette semaine dans les médias. Invité du podcast Legend, l’ancien international français Sébastien Chabal a confié n’avoir « aucun souvenir » des matches qu’il a disputés dans sa carrière, probablement en raison des commotions qu’il a subies.

« Je n’ai aucun souvenir d’une seule seconde d’un match de rugby que j’ai joué », a lâché l’ancien joueur de 47 ans aux 62 sélections avec le XV de France. « Je ne me souviens pas d’une seule des 62 Marseillaises que j’ai vécues. »

« Il y a pas mal d’actions qui sont faites par d’anciens joueurs, des collectifs, parce qu’on a pris un peu des “pets au casque” », reconnaît encore Sébastien Chabal durant cet entretien, dans lequel il ne prononce toutefois pas le mot « commotion ».

Après les révélations de l’un des joueurs français les plus médiatiques des années 2000, les réactions de personnalités du monde du rugby n’ont pas tardé à affluer dans la journée de vendredi.

Bernard Laporte « choqué »

« Je n’étais pas au courant, j’ai été choqué quand j’ai appris ça », a réagi son ancien sélectionneur, Bernard Laporte, sur BFMTV, qui l’a appelé dans la foulée. « Il va très bien. Il m’a dit qu’il n’avait aucuns maux de tête, ça fait longtemps qu’il a perdu la mémoire. Il est surpris par l’emballement médiatique qu’il y a autour de tout ça. Cela choque quand il dit qu’il ne se rappelle de rien, même pas de la naissance de sa fille », a-t-il confié.

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Même étonnement pour l’ancien joueur du Stade français Pascal Papé, aujourd’hui directeur sportif du CS Bourgoin-Jallieu. « Je connais bien Sébastien, c’est un ami. J’ai grandi avec lui et je suis inquiet pour lui parce que ce n’est pas normal. Je suis interloqué », a-t-il affirmé sur BFMTV, lui qui dit ne pas du tout se trouver dans la même situation : « J’ai vraiment un souvenir de mes 68 matches avec l’équipe de France, des essais que j’ai pu marquer, des discours d’entraîneurs. Je me souviens de la naissance de mes trois fils. Je ne suis pas du tout dans le même schéma que Seb et c’est pour ça que je suis très inquiet pour lui. C’est le premier joueur dans mon entourage qui est dans cette situation-là. »

Au Royaume-Uni, des centaines d’anciens rugbymen, dont le Gallois Alix Popham ou le talonneur anglais Steve Thompson, vainqueur du Mondial-2003, sont engagés dans une procédure judiciaire collective contre World Rugby et les fédérations anglaise et galloise. Popham et Thompson ont tous deux révélé avoir souffert de démence précoce, causée par les commotions subies durant leur carrière.

Comme d’autres sports de contact – le football américain, le football, le hockey sur glace, les sports de combat… -, le rugby fait face à une recrudescence des commotions cérébrales, c’est-à-dire un traumatisme du cerveau après un choc violent, qu’il soit directement à la tête ou sur le reste du corps. Plusieurs études ont pointé le lien entre ces chocs à répétition et l’apparition de maladies neurodégénératives, pouvant causer une démence précoce, des pertes de mémoire, et à terme une perte totale de l’autonomie.

Pas la même époque

Malgré tout, depuis la retraite sportive de Sébastien Chabal il y a 11 ans maintenant, le monde du rugby a évolué. C’est du moins ce que veulent faire entendre plusieurs acteurs actuels de ce sport, notamment en matière de prévention des commotions.

« Il ne faut pas oublier qu’il y a une vie après le rugby donc c’est important d’être beaucoup plus suivi comme ça l’est actuellement. On surveille beaucoup plus la santé des joueurs », note ainsi l’ancien joueur Julien Bonnaire, 75 sélections avec le XV de France dont beaucoup aux côtés de Sébastien Chabal.

« On n’a pas attendu que Sébastien Chabal déclare cela pour que le club, le rugby et l’environnement médical de notre sport se mettent en alerte sur un vrai sujet », défend pour sa part l’entraîneur du Stade toulousain Ugo Mola, comme le rapporte RMC Sport. « On n’a pas été assez loin, mais on est bien mieux qu’à l’époque où Sébastien (Chabal) jouait. C’est une bonne chose qu’il en parle, il se fait l’écho de quelque chose qu’il ne faut pas mettre sous le tapis », veut-il croire. « À notre génération, avec Sébastien, on n’était pas autant protégés », rappelle en écho Pascal Papé.

Si le président du comité médical de la Fédération française de rugby, Olivier Capel, rappelle qu’il existe des initiatives mises en place au sein de l’instance nationale pour accompagner les joueurs et anciens internationaux du XV de France, il veut désormais aller plus loin. « On va essayer de mettre en place un process et une filière avec des bilans sanguins ainsi que des IRM ouverts aux internationaux qui décrivent des symptômes. Que ce soit pour des joueurs encore en activité ou des joueurs qui sont sortis de l’activité professionnelle », indique-t-il auprès de BFMTV.

Malgré tout, des voix bien plus discordantes se font entendre, comme celle du Gallois Alix Popham (déjà mentionné plus haut dans l’article). Pour lui, le rugby actuel ne s’est pas amélioré avec les protocoles pour encadrer les commotions. « Ce sont des écrans de fumées », balaye-t-il dans une interview au Parisien. « Comment un rugbyman aujourd’hui peut se faire percuter, perdre conscience et rejouer une semaine après ? C’est criminel. 99 % des neurologues du monde vous diront que ça n’est pas sûr, le 1 % restant est payé par le rugby. Quelque chose de drastique doit être fait dans notre sport. »

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