Comment faire plus de place aux femmes dans les célébrations après les victoires de foot
FOOTBALL – La folle soirée du 31 mai après la victoire du PSG en finale de la Ligue des champions l’a montré : lors des fêtes du foot, l’espace public est monopolisé par les garçons, souvent violents et tapageurs. Si de nombreuses réactions se sont fait entendre, il est temps de permettre aux femmes de participer à la fête en toute sécurité.
« J’étais au bar avec des amis, et évidemment, il y avait plein d’hommes. J’ai eu l’impression de voir une auto-escalade. Ils n’arrêtaient pas de se filmer entre eux. C’était la course à celui qui en ferait le plus, à celui qui ferait le plus preuve de virilité. » Capucine Ottino n’a pas fêté la victoire des Parisiens contre l’Inter Milan. Elle était à Nice, et comme beaucoup en France, elle a vu la force plutôt que l’étreinte, la baston plutôt que la joie, et la toute-puissance masculine. « Voir tous ces hommes marcher ensemble, être violents, agressifs, ça m’a fait monter une angoisse… »
La victoire du PSG en C1 s’est transformée en défouloir de violence. Clémence a vécu la même scène à Paris, à côté de Châtelet : « Dès la fin du match, des gens commencent à courir dans tous les sens. Puis forcément, des mecs m’ont regardée. J’ai donc décidé de rentrer. » Le Parisien a relaté des violences sexistes. De nombreuses publications sur les réseaux sociaux ont témoigné des galères. Libération s’est emparé du sujet. L’éléphant dans la pièce : l’homme.
Espace à moitié public
Les mâles ont investi l’espace public, les femmes y ont renoncé. La fête sent l’urine, et fait hurler les klaxons et les sifflements. « Dans ces soirées, si on ne prend que la question de l’âge, du milieu social, ou qu’on dit que ces violences sont inévitables, on ne changera pas les comportements, avance Lucile Peytavin, historienne et autrice du Coût de la virilité. Ce que la France économiserait si les hommes se comportaient comme les femmes. On voit que le premier facteur qui définit le profil des auteurs de violences, c’est le sexe masculin. On retrouve ce gouffre statistique partout : au tribunal, en prison… »
Zoé Espitallier a fondé le média féministe Bonne à marier. Elle commente : « Lors de ces soirées, on voit des hommes qui se valident entre eux. Ils se proclament maîtres de la rue. Même quand l’émotion est positive, on en vient à la violence. C’est triste. On n’a pas appris aux hommes à exprimer leurs émotions autrement que par la violence. » Comment l’expliquer ?