Elle a « osé » faire un Hyrox avec des poils sous les bras et « ça a fait peur aux hommes »

SPORT – « Je n’avais même pas remarqué qu’on voyait mes poils sur les photos. » Après une année de préparation pour sa première course Hyrox, ce sport extrême qui combine cardio poussé et musculation, Marie Cay ne s’attendait pas à ce que les réactions à sa réussite soient concentrées sur un détail aussi trivial. Et pourtant.

Suivie par plus de 46 000 personnes sur TikTok, la créatrice de contenu partage des posts engagés sur les questions féministes, mais aussi, depuis peu, sur les défis sportifs dans lesquels elle aime se lancer. Rien d’étonnant, donc, à ce qu’elle poste des photos de sa participation à l’Hyrox ayant eu lieu au Grand Palais à Paris, en avril dernier.

Sur les images, on peut la voir en tenue de sport en train d’alterner entre les kilomètres de courses et les différents exercices (soulever de poids, cordes, rameur…) que nécessite cette compétition intense. Le tout, accompagné d’un bilan de ce qu’elle a détesté lors de sa participation.

« Je n’avais même pas remarqué qu’on voyait mes poils »

Un post anodin, mais voilà : sur les photos, on peut voir des poils sous ses aisselles. Un détail à l’opposé des préoccupations de la sportive.

« Mon apparence physique, en compétition, c’est un truc auquel je ne pense pas du tout, raconte-t-elle au HuffPost. J’ai déconstruit ce qu’on attend de moi en tant que femme, c’est-à-dire ce à quoi je devrais ressembler pour plaire aux hommes. Qu’ils se disent “elle est trop belle” ou “beurk, elle est dégueu” ça ne m’intéresse pas, et encore moins quand je fais du sport », souligne Marie Cay. « Mon but, c’était de découvrir le fonctionnement de la course, de la finir, et de voir quelles sensations j’avais. »

Mais dans les commentaires, il semble que les hommes n’ont retenu que ça. « Dans mon post, j’ai parlé du fait que Hyrox avait fait un partenariat avec Maybelline [marque de cosmétiques, ndlr] réservé aux femmes pour se maquiller avant la course, ou du fait que les hommes soient torse nu alors que quand les femmes mettent un short ou une brassière, elles se font traiter de “tana”. Je savais que ça pourrait susciter des débats, mais je ne prévoyais pas que 500 hommes viendraient essayer de m’attaquer sur ma pilosité. »

Pourtant, pour l’influenceuse autrice du livre Nos corps révélés, ces réflexions masculines sur son apparence ne sont pas une première. « Quand tu es une femme sur les réseaux sociaux, la première chose sur laquelle on t’attaque, c’est ton physique. Comme ils n’avaient pas grand-chose à dire sur ma performance sportive, ils se sont rabattus sur mes trois poils d’aisselles. »

Un monde du sport où le corps est très mis en avant

« Faut te raser sous les bras, ça va pas ou quoi ? » « Les oursins », « Tu fais partie des hommes… » Sous la plupart de ces réflexions, la répartie de Marie Cay tourne la misogynie en ridicule, « pour qu’aucune femme ne soit exposée à ces injonctions sans voir une réponse qui montre que si un homme t’attaque sur tes poils, il y a des choses à dire pour riposter », explique-t-elle. Une charge mentale dont elle se passerait bien.

Mais dans le monde du sport, le corps est mis en lumière et scruté d’une manière qui n’échappe pas aux diktats. « J’aimerais que les femmes se lâchent un peu la grappe sur le sujet. Je n’ai pas posté ces photos en me disant “Trop bien, je vais montrer mes poils”, mais je trouve ça important qu’il y ait une représentation différente à ce sujet. » D’autant que, comme le souligne Marie Cay, « les poils, c’est un marqueur de la puberté et de l’âge adulte. En avoir peur, c’est rejeter les corps qui ne ressemblent plus à des corps d’enfants, et c’est terrifiant. »

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