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La disqualification d’Imane Khelif n’est pas (du tout) la seule casserole de l’IBA

JO PARIS 2024 – « Chaotique », c’est le mot utilisé dans toute la presse pour qualifier la conférence de la fédération internationale de boxe (IBA) auprès des journalistes pour tenter de justifier la disqualification de l’Algérienne Imane Khelif et de la Taïwanaise Lin Yu-ting aux Mondiaux-2023. Son président, Umar Kremlev, s’en est même directement pris au président du Comité international olympique (CIO). Une escalade de plus dans le conflit violent qui oppose les deux instances.

Cela fait déjà au moins 15 ans que les premières querelles ont éclaté entre le CIO et l’IBA. Lors des Jeux olympiques de Pékin en 2008, de Londres en 2012, puis de Rio en 2016, les combats sont organisés par ce qui était appelé à l’époque l’Association internationale de boxe amateur (AIBA), ancien nom de l’IBA. Durant les trois éditions de ces Jeux, d’importants soupçons de corruptions concernant les arbitres émergent. Une enquête indépendante est ouverte à la fin des JO de Rio et l’intégralité des 36 juges et arbitres qui y ont officié sont suspendus.

En plus de ce scandale, le président de l’AIBA, Wu Ching-kuo, en poste depuis 11 ans, est accusé de malversations financières. Il finit par démissionner en novembre 2017. Ce qui ne signifie pas pour autant la fin des problèmes.

Trafic d’héroïne et proche de Vladimir Poutine

L’homme qui le remplace, Gafur Rakhimov, est un businessman ouzbek. Il est accusé par les autorités américaines d’être un parrain de la mafia russe et baron mondial du trafic d’héroïne. Ce qui n’enchante pas vraiment le CIO qui décide de retirer à l’AIBA, son droit d’organiser les compétitions de boxe olympique pour les JO de Tokyo.

La présidence de Rakhimov sera d’ailleurs de courte durée, puisque 14 mois après avoir assuré la présidence de l’AIBA, il démissionne. C’est là qu’en 2020 arrive Umar Kremlev. Ce proche de Vladimir Poutine est élu président de l’AIBA et promet de restaurer la réputation de l’organisation. APour repartir sur de bonnes bases, rien de mieux que de changer le nom de l’organisation qui devient l’International Boxing Association (IBA).

Durant les Mondiaux de boxe de 2023 organisés par l’IBA, Imane Khelif bat Azalia Amineva, une boxeuse russe jusqu’alors invaincue. Quelques jours plus tard, alors que la compétition bat toujours son plein, la boxeuse algérienne, ainsi que la Taïwanaise Lin Yu-ting sont disqualifiées de la compétition.

L’IBA déclare dans un communiqué que celles-ci ont « échoué à se conformer aux critères d’éligibilité pour participer à la compétition féminine », sans donner plus de détails sur les tests en questions. Imane Khelif venait de se qualifier pour la finale et Lin Yu-ting de recevoir la médaille de bronze.

Pas de JO pour l’IBA

Trois mois plus tard, le CIO écarte de nouveau l’IBA pour l’organisation de la boxe olympique lors des Jeux de Paris 2024. Il reproche notamment à la fédération de boxe son manque de transparence concernant le financement fourni par la compagnie gazière russe, Gazprom.

Le comité olympique décide alors de se charger lui-même de la boxe pour 2024 et ne reconnaissant pas les tests de l’IBA, il autorise Imane Khelif et Lin Yu-ting à participer aux Jeux.

La guerre ouverte est alors déclarée entre l’IBA et le CIO. Dans plusieurs vidéos publiées sur ses réseaux sociaux, Umar Kremlev, s’en prend directement à Thomas Bach, président du Comité international olympique. Il l’accuse d’être « maléfique », « corrompu » et de « détruire le sport, en particulier le sport féminin ». Il exige également sa « démission immédiate » ainsi que celle de son équipe au sein du comité. Et il réitère que les tests effecutés montrent qu’Imane Khelif et Lin Yu-ting « sont de hommes ».

De son côté, le CIO ne cède pas, et dénonce les propos misogynes de l’IBA et de son dirigeant. « Il ne s’agit pas de cas de transidentité (…) Nous avons deux boxeuses qui sont nées femmes, qui ont été élevées comme des femmes, qui ont des passeports indiquant qu’elles sont des femmes, et qui participent à des compétitions depuis des années en tant que femmes », insiste Thomas Bach, qui s’exprimait pour la première fois sur le sujet lors d’une conférence de presse, samedi 3 août.

Le CIO prévient également que la boxe pourrait tout simplement ne pas figurer aux JO de Los Angeles en 2028, si l’IBA restait l’instance principale de ce sport. Une manière d’ouvrir la porte à la World Boxing, organisation concurrente de l’IBA.

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