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La fin des JO vous donne le blues ? Vous n’êtes pas seul (et c’est normal)

JO – « C’est déjà fini ». Alors que les Jeux olympiques de Paris se terminent avec en point d’orgue une cérémonie de clôture qui s’annonce grandiose, des milliers de Français se sont réveillés ce dimanche 11 août avec le goût amer d’une fête de deux semaines qui se termine trop tôt.

Certains Parisiens font part au HuffPost de leur tristesse de « retrouver leur ville triste d’avant » les Jeux. « Le monde, les transports bondés, les gens qui râlent, l’ambiance morose au travail… », énumère l’un d’eux qui a suivi assidûment les performances des athlètes français.

« Dans les cafés, les discussions ne tournaient plus autour du boulot mais du sport, ça faisait tellement du bien de voir les gens heureux ! », s’extasie, quant à elle, une vingtenaire parisienne. Plusieurs habitants de la capitale confient aussi leur regret de ne plus pouvoir se rendre « au Club Paris 2024 où on avait des athlètes à portée de main !  »

Le plaisir du sport partagé avec d’autres nations

Pour les amoureux du sport, ce qui va manquer, c’est de « suivre des matchs à n’importe quel moment de la journée, d’avoir tout un après-midi plein de finales, de rebondissements », se désole Jordan Fosset, 30 ans, habitant à Lyon. D’habitude, il s’intéresse surtout au football, mais avec les Jeux, son spectre d’intérêt s’est élargi : « j’ai adoré regarder du hand, de l’escrime, du judo… ». Sa compagne, Camille, n’est pas une grande amatrice de sport, mais éprouve tout de même une certaine tristesse : « Pour moi, c’est synonyme de fin des vacances ».

Et puis il y a tous ceux qui ont été plus que des spectateurs derrière leur télé, ceux qui ont directement soutenu les sportifs sur les sites olympiques. Raphaël Gautier, la trentaine, a parcouru des centaines de kilomètres depuis Nancy pour assister à deux matchs de basket à Lille et à Paris. Il décrit « une communion entre Français comme on le vit très rarement dans le sport. Les victoires [des Bleus] ont, en plus, encouragé ce sentiment ».

En dehors du stade, dans les rues, l’expérience a été tout aussi salutaire. Raphaël Gautier raconte son plaisir de « se promener et voir des t-shirts jamaïcains, brésiliens (…), le sourire est partout, on vit un peu une période enchantée que l’on sait courte ».

L’« union des peuples » est souvent mentionnée comme l’un des moments forts de ces Jeux. « Lors d’un match de basketball féminin à l’Arena Bercy, j’étais assise à côté d’une famille australienne. On a supporté et chanté ensemble pour encourager l’Australie face à la Serbie, qu’est-ce que j’ai rigolé ! », se souvient, l’excitation encore perceptible dans la voix, une jeune femme de 27 ans.

Les tensions politiques exacerbent ce « coup de blues »

Les appréhensions à l’idée de reprendre le « train-train quotidien » sont tout à fait normales, rassure le psychanaliste Roland Gori. En vacances en Italie, loin de son cabinet et de l’excitation parisienne, il a toutefois ressenti auprès de ses proches la ferveur provoquée par les JO. « Il est fréquent qu’après un moment d’élation, d’excitation maniaque, d’euphorie, le lendemain c’est la gueule de bois, d’où le sentiment de tristesse, d’ennui et de mélancolie », explique-t-il, précisant qu’il s’appuie sur « des principes généraux liés à [s]on expérience et [s]es lectures ».

D’après le psychanalyste, auteur de Logique des passions (ed. Flammarion), notre amour pour les Jeux a été d’autant plus fort que notre quotidien était terne : « le coup de foudre arrive toujours dans un grand état de tristesse ». « Avant les Jeux olympiques, nous étions dans un climat d’incertitude, d’insécurité, d’inquiétude. Tout cela a été épongé par la beauté du spectacle », abonde le professeur de psychologie à l’université Aix Marseille.

Un phénomène amplifié par le fait que le spectacle s’est déroulé au cœur de Paris, « dans le tissu social », et a permis de « régénérer temporairement le corps politique et social du pays menacé par la fracture ». Malheureusement, « comme le dit [Marcel] Proust, la passion ne dure pas, et on retrouve rapidement l’ennui dont on avait un temps était distrait ».

Pourquoi il faut regarder la cérémonie de clôture

Le témoignage du Nancéien Raphaël Gautier, parmi tant d’autres, vient appuyer les propos de Roland Gori : « Quand on connaît notre actualité politique et les divisions entre les Français ça ne donne pas vraiment envie d’y penser », balaye-t-il.

Si la fin de la « bulle enchantée » est si difficile, c’est aussi à cause de l’admiration portée à nos champions. Lors des JO, « la foule est devenue un peuple de fans » et les sportifs ont arboré une « fonction de leader héroïque ». À partir du moment où vous retirez ces athlètes à ce peuple alors vous leur enlevez « leur vecteur d’authentification ». Et l’« effet cathartique » engendré par le spectacle sportif s’arrête.

Pour renouer avec le bonheur, et ne pas vous affaler, déprimés, sur le canapé, « il faut constater que tout n’est pas foutu », affirme Roland Gori. Ces JO à domicile ont été la preuve que nous n’étions pas « condamnés à être une nation disloquée, grincheuse, apathique ». Alors ce dimanche soir, regardez la cérémonie de clôture, car « la beauté permet de guérir de la mélancolie » et consolez-vous : les Jeux paralympiques commencent le 28 août !

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