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La manucure olympique est un accessoire fétiche des athlètes, et ce n’est pas pour rien

OLYMPISME – Bleu-blanc-rouge pour les sabreuses françaises, avec des cristaux et un drapeau américain pour Sha’Carri Richardson, avec une touche de doré pour la gymnaste américaine Jordan Chiles… Aux JO de Paris, les ongles des athlètes font aussi leur show. Une manière pour les sportives (et les sportifs) de se démarquer dans des milieux souvent très codifiés.

Ceux qui ont regardé la finale du sabre féminin entre Sara Balzer et Manon Apithy-Brunet le 29 juillet l’ont peut-être remarqué. Alors que les deux escrimeuses portaient la tenue blanche et argentée réglementaire, un détail plus original attirait le regard : leurs manucures tricolores, avec, en prime, des anneaux olympiques sur l’annulaire pour la première.

Ce ne sont pas les seules à utiliser leurs ongles pour exprimer un peu de patriotisme, d’esprit olympique ou, simplement, de coquetterie. Sur ceux de l’archère néerlandaise Laura van der Winkel, on peut voir une tour Eiffel, des tulipes et les célèbres anneaux. Tandis que la pongiste roumaine Bernadette Szocs arbore une petite raquette de ping-pong et un drapeau roumain.

Un nail salon dans le village olympique

Le nail art est ainsi devenu une tradition pour de nombreuses athlètes. Quelques jours avant de s’embarquer pour Paris, la joueuse de rugby américaine Ilona Maher, l’une des stars de ces Jeux sur les réseaux, montrait ses nouveaux ongles sur TikTok avec la légende : « Tu sais que ça devient réel quand tu fais ta manucure olympique. »

Un petit rituel également documenté par Simone Biles sur sa chaîne TikTok :

« Il y a eu un grand développement des salons de manucure ces dix dernières années », souligne Sophie Lemahieu, conservatrice au département Mode et textile du musée des Arts décoratifs de Paris et commissaire de l’exposition Mode et sport, d’un podium à l’autre. « C’est devenu très à la mode et extrêmement courant. Hors de leur sport, ce sont aussi des femmes qui sont dans leur époque, donc ça fait partie de leurs habitudes. Et puis, c’est quelque chose qu’on peut changer facilement selon l’évènement. Donc c’est logique de se dire qu’il y a une manucure spéciale JO. »

Pour les retardataires qui n’auraient pas eu le temps de s’occuper de leurs ongles avant le grand départ, le village olympique propose même un nail salon, comme le montre la kayakiste américaine Evy Leibfarth sur TikTok.

De Flo-Jo à Sha’Carri

Si la pratique s’est démocratisée depuis quelques années, elle ne date évidemment par d’hier. Sophie Lemahieu cite Florence Griffith Joyner, superstar de l’athlétisme aux États-Unis, triple médaillée d’or aux Jeux olympiques de 1988, qui détient depuis les records du monde du 100 mètres et du 200 mètres. Célèbre pour ses prouesses athlétiques, « Flo-Jo » l’était aussi pour ses choix vestimentaires et ses incroyables manucures, qui ont pleinement contribué à la faire entrer dans la légende.

Une athlète fait aujourd’hui figure d’héritière : Sha’Carri Richardson, sprinteuse américaine et favorite du 100 mètres cette année. Ses choix esthétiques (coiffures, ongles, faux cils…) ont beaucoup été commentés. Dans le portrait que Le Monde lui consacre, son nail art est d’ailleurs mentionné deux fois. On y parle de ses « faux ongles interminables » et de ses « ongles à la Cruella ».

Si les manucures théâtrales sont bien l’une des signatures de la jeune femme, son inspiration ne vient certainement pas de Cruella. Auprès de l’Associated Press, l’Américaine a parlé de l’exemple que Flo-Jo a été pour elle : « Elle arrivait sur la piste et elle savait qu’elle allait dominer. La manière dont elle le faisait était toujours pleine de grâce. J’ai toujours aimé ça. Si l’incroyable Flo-Jo avait des ongles longs, il n’y avait pas de raisons pour que je n’aie pas des ongles longs. »

Les hommes s’y mettent aussi

Autres influences pour Sha’Carri Richardson : les femmes de sa famille, qui prennent toujours soin d’avoir une manucure impeccable pour les grandes occasions. Pas étonnant, quand on sait que la mode du nail art vient justement de la communauté noire américaine, au sein de laquelle les manucures éclatantes sont depuis très longtemps populaires.

Après son entrée dans le monde du sport par le biais de stars issues de cette communauté, la mode des manucures est donc désormais omniprésente. Une manière pour les athlètes « de se distinguer dans un milieu très uniformisé », souligne Sophie Lemahieu, voire, pour certaines, d’arborer une touche de féminité.

Les hommes ne sont néanmoins par exempts de ces coquetteries. La conservatrice du musée des Arts décoratifs de Paris explique ainsi : « Même du côté masculin, cela existe. On parle moins des sports collectifs, parce qu’ils impliquent un vrai uniforme. Mais dans les années 80 et encore plus 90, les grands footballeurs ont commencé à adopter des coiffures très uniques : c’était leur seul moyen de se distinguer. »

Alors, après les aventures capillaires d’un David Beckham, l’heure est-elle aux ongles de Noah Lyles ? Lors d’une conférence de presse à Paris cette semaine, le sprinteur star américain est apparu avec sa propre manucure olympique. Sur ses ongles, quatre lettres et un message clair : « ICON ».

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