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La santé mentale n’est plus dans l’ombre des performances des athlètes des JO

JO PARIS 2024 – Chutes, pleurs et cris… Les téléspectateurs des JO ont assisté cette année à de nombreuses scènes d’effondrement des athlètes. Des moments de déchirement qui questionnent la santé mentale des olympiens, sujet longtemps resté dans l’ombre de leurs performances sportives. Mais entre les prises de parole de Léon Marchand, Simone Biles ou Noah Lyles, les athlètes sont de plus en plus nombreux à montrer qu’eux aussi ont le droit d’être vulnérables.

Pour beaucoup de sportifs, les Jeux sont le rêve d’une vie, et la médaille l’accomplissement d’années, voire d’une vie entière, de travail acharné. Mais les défaites arrivent, et les mots « déception » et « amertume » ne sont pas assez forts pour décrire l’état de certains athlètes après une contre-performance.

Après la défaite, la détresse

Ce fut notamment le cas de la judokate japonaise Uta Abe le 28 juillet dernier, qui a ému beaucoup de téléspectateurs en s’effondrant en larmes dans les bras de son coach après son élimination.

Scène similaire après le manqué des gymnastes françaises qui n’ont pas réussi à se qualifier, provoquant les sanglots de la tête d’équipe Mélanie De Jesus Dos Santos. « Je suis passée complètement à côté, (…) je n’ai pas été forte pour mon équipe », a déploré au micro de France TV la jeune gymnaste après trois ans d’entraînements pour ces Jeux.

Cette grande détresse révèle aussi l’ampleur du travail fourni par ces sportifs, qui n’ont qu’un seul objectif en tête : être les meilleurs. Des ambitions qui viennent parfois aux dépens de la santé mentale des sportifs, trop souvent minimisée comme l’a montré la remarque déplacée d’un journaliste de RMC, qui s’était exclamé « pour une fois il est pas en dépression ! » lors du sacre du sprinteur américain Noah Lyles.

Marchand, Biles, Lyles : champions de la santé mentale

Noah Lyles avait pourtant déjà pris la parole sur le bien-être psychologique pour souligner que la force mentale est aussi importante que le reste. Et le médaillé d’or au 100 mètres hommes ce lundi 5 août a déjà eu à combattre la dépression. Dans un tweet partagé juste après sa victoire, Noah Lyles y a fait référence, avant de lancer un message d’espoir : « Je souffre (…) de troubles de l’attention, d’anxiété et de dépression. Mais je peux vous dire que ce que vous avez ne définit pas ce que vous pouvez devenir ».

Une telle attitude a aussi été diffusée par Léon Marchand, nouvelle star de la natation française à seulement 22 ans. « Si j’ai un échec, (…) ça ne sera pas très grave », a confié le nageur à Eurosport… avant de finalement décrocher quatre médailles d’or. Une phrase simple en apparence, mais qui révèle un changement dans le discours et dans l’état d’esprit de certains sportifs qui ne veulent plus être uniquement des machines à gagner.

Dans une interview avec Brut en 2023, Léon Marchand mettait déjà en avant l’importance de son préparateur mental dans son entraînement, qui lui a notamment de remettre le plaisir au cœur du sport. « Je n’ai aucune limite quand je m’amuse », affirmait alors le jeune homme d’à peine 19 ans.

La gymnaste star américaine Simone Biles s’est elle aussi exprimée sur les questions psychologiques, elle qui avait soudainement abandonné les Jeux de Tokyo. « (…) En arrivant à Tokyo j’étais tellement nerveuse à l’idée de me blesser, physiquement, que j’ai en quelque sorte négligé ma santé mentale. J’ai donc mis ça en veilleuse et puis je me suis blessée, sauf que c’était une blessure mentale », a-t-elle rappelé lors d’une conférence de presse, après avoir gagné le concours général individuel le jeudi 1er août.

Mais son attitude a radicalement changé pour les Jeux de Paris. Et la gymnaste a expliqué à l’AFP avoir « commencé (sa) journée avec une séance de thérapie » avant de remporter l’or au concours général par équipes le 30 juillet dernier. Une nouvelle manière de s’entraîner qui lui réussit, puisque Simone Biles rentrera avec, autour du cou, trois médailles d’or et une d’argent. Un palmarès exceptionnel pour l’athlète qui revient de loin.

Session psy ou journal intime

L’athlète Rénelle Lamote, qualifiée pour la finale du 800 mètres femmes, a elle aussi insisté sur l’importance de sa psychologue dans sa préparation des Jeux de Paris. « Il y avait ma psy à l’échauffement car je voulais que tout soit parfait. Je suis fière de moi car il y a quelques temps j’aurais peut-être paniqué, là j’ai tenu jusqu’au bout », s’est-elle réjouie auprès de l’AFP.

Mais les sessions psy ne sont pas les seules méthodes pour aider les athlètes. Pour affronter son anxiété, Simone Biles utilise notamment un « worry journal » (carnet des soucis), sorte de journal intime où elle couche ses angoisses sur papier pour mieux s’en débarrasser. Une stratégie qui a inspiré la joueuse de tennis japonaise Naomi Osaka, présente aux Jeux. Celle qui avait déclaré forfait à Roland Garros en 2021 pour prendre soin de sa santé mentale, avait inscrit seulement trois mots dans son carnet pour Roland Garros 2024 : « Je suis fière de toi ».

Pareil pour l’australienne Nicola Olyslagers, qui a remporté l’argent en saut en hauteur ce dimanche 4 août et qui n’a pas hésité à ramener son journal intime avec elle sur la piste.

Cassandre Beaugrand, la triathlète française médaillée d’or mercredi 31 juillet, a elle aussi gagné grâce à son mental. « Le nombre de fois où mon mental a été ma faiblesse, mais ça a été ma force aujourd’hui. (…) C’est une revanche sur le passé » s’est-elle enthousiasmée auprès du Parisien, elle qui a perdu sa mère à dix ans et dont le mental a plusieurs fois lâché durant des compétitions. Preuve que l’accompagnement psychologique des athlètes est essentiel, car dans le sport, tout se joue dans la tête.

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