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Le duo de pongistes nord-coréens rattrapé par le selfie sur le podium des JO

JO PARIS 2024 – C’était l’une des images des Jeux de Paris 2024. Après la fin du double mixte de tennis de table, le 31 juillet, le podium olympique avait donné lieu à une scène forte d’un point de vue diplomatique : un selfie entre athlètes chinois, sud-coréens et nord-coréens.

Ce selfie avait été capturé par le Sud-Coréen Lim Jong-hoon, médaille de bronze avec Shin Yu-bin. Et le montrait aux côtés des champions olympiques chinois Wang Chuqin et Sun Yingsha et de la paire nord-coréenne vice-championne olympique, composée de Ri Jong Sik et Kim Kum Yong.

Parmi les images au plus fort retentissement de ces Jeux, la photo réunissant des athlètes de Corée du Nord et du Sud marquait d’ailleurs le retour du sport nord-coréen sur le devant la scène. Trois ans après les Jeux au Japon, boudés par la Corée du Nord pour cause de Covid-19.

Rare moment d’unité entre les deux pays, en pleine période de tension, l’impact de ce simple selfie a aujourd’hui des conséquences plus graves pour les deux athlètes de la délégation nord-coréenne. C’est ce que laisse entendre The Guardian ce lundi 2 septembre en évoquant des nouvelles peu rassurantes pour Ri Jong Sik et Kim Kum Yong.

« Contamination » occidentale

Selon les sources citées par le journal britannique de référence, Ri Jong Sik et Kim Kum Yong ont été soumis à un « examen idéologique » d’un mois à leur retour au pays. Jusque-là, rien de particulièrement anormal puisque le régime nord-coréen fait subir cette procédure à tous ses athlètes et membres du Comité olympique nord-coréen exposés d’une manière ou d’une autre à la vie en dehors de leur pays. Une manière de « déceler d’éventuelles lacunes idéologiques » après leur retour et ainsi traquer une éventuelle « contamination » au contact de la société occidentale.

C’est ce que détaille un article du Daily NK, site consacré à l’actualité de la Corée du Nord mais basé à Séoul, en évoquant une procédure d’évaluation débutée le 15 août, qui comprend une expertise décelant « tout comportement contraire aux directives ou à la propagande du parti », une analyse déterminant si la performance des athlètes est conforme à des événements sportifs internationaux antérieurs (et donc si elle mérite ou non des félicitations). Ou encore, des séances pour se confesser sur ses propres comportements inappropriés, ou ceux d’autres athlètes de la délégation.

En citant une source haut placée à Pyongyang, le média indique que les deux pongistes ont bien été soumis à ces examens du régime, avec un avis négatif du fait de leur présence sur ce selfie. En effet, il leur était formellement interdit d’interagir avec des concurrents d’autres nationalités.

Profonde autocritique obligatoire

Selon le rapport consulté par Daily NK, leur tort serait d’avoir « souri » en posant avec leurs adversaires sud-coréens et avoir souri trop longuement à autres athlètes en descendant du podium. Des faux pas, malgré le titre de vice-champion olympique, que Pyongyang ne semble pas en mesure d’oublier. Sachant qu’un autre détail n’a pas pu échapper aux autorités nord-coréennes : le selfie a été pris avec un smartphone Samsung, fleuron de l’industrie sud-coréenne, dans le cadre d’une initiative du CIO pour permettre aux athlètes d’immortaliser eux-mêmes ce moment.

Du fait de l’opacité du régime nord-coréen, il est pour l’instant impossible de connaître le sort réservé aux deux athlètes. Toutefois, leur seule possibilité de s’en tirer à bon compte est de réaliser une profonde autocritique sur leurs actions pour échapper aux éventuelles sanctions politiques et administratives, comme l’indique le journal sud-coréen Korean Times.

Il est également difficile de déterminer la nature exacte de ces sanctions, même si la Corée du Nord a déjà puni des athlètes ou des entraîneurs par le passé. Par l’intermédiaire de travaux forcés, dans le cas du sélectionneur de football nord-coréen, après la déroute lors du Mondial de football 2010. Ou par une humiliation publique, comme pour les footballeurs nord-coréens de cette même Coupe du monde, conspués par 400 personnes, sur la place publique, durant six heures.

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