Sports

« Le journalisme que j’aime » : Comment Christophe Gleizes est devenu un pilier de So Foot

MÉDIAS – C’est une scène à laquelle n’importe quel journaliste de la rédaction de So Foot et de Society aurait pu assister entre 2013 et 2024. Christophe Gleizes qui débarque au bureau à 15h30, chaussures pointues aux pieds, doudoune fatiguée par tout temps – parce qu’il n’y a pas de saison avec lui –, clope au bec, sourire débonnaire, enjoué, avec une proposition audacieuse : « Eh ma quiche ! Tu voudrais pas aller en Écosse avec moi ? J’ai une super idée de sujet. Une histoire de chiens qui se suicident depuis un pont à côté de Glasgow, ça a l’air fou ! »

Bien évidemment, au printemps 2015, son interlocuteur accepte de le suivre dans cette aventure étonnante qui, comme souvent, démarre par une courte nuit dans son petit appartement du XIIe arrondissement de Paris avant de prendre un vol aux aurores.

Ensuite, sur le terrain, dans un anglais impeccable, Christophe n’a pas son pareil pour vagabonder sur la trace du bon personnage à interviewer, de la bonne scène à décrire, ouvrir des portes, faire des rencontres et débloquer des situations qui paraissent compromises grâce à son bagou, sa gentillesse et son empathie.

En l’occurrence, au pays de Sean Connery, il s’agissait là de convaincre des femmes, endeuillées par la perte de leur chien, de se livrer alors qu’elles avaient déjà subi les moqueries de journalistes de tabloïds anglais quelques années plus tôt, tout en dénouant une sombre histoire de manoir hanté et de pont touché par la malédiction depuis deux siècles. Le reportage de six pages fut publié dans un numéro de Society à l’été 2015 et retrace ce qui est toujours, à côté du monstre du Loch Ness, l’autre « grand mystère d’Écosse ».

Les bonnes histoires de « Gleizou »

Christophe a mis un pied dans la rédaction de So Foot pour la première fois alors qu’il venait y effectuer un stage, en juin 2013, lorsque les bureaux prenaient encore place dans un parking souterrain du nord du XVIIIe arrondissement de Paris. À l’époque, il arrive du Celsa, où il a terminé ses études, et vient juste de publier sur son site de reportage, intitulé Ipress, un article sur les toxicomanes de la gare du Nord.

Il l’envoie à deux journalistes de la rédaction, qui ont eux-mêmes leur propre site de reportage. Ces derniers le trouvent excellent, se mettent à échanger avec Christophe, sympathisent et se retrouvent avec lui dans une façon commune d’envisager le journalisme, à savoir un mode de vie qui permet avant toute chose de rencontrer le monde et de partir à l’aventure. Les deux journalistes transmettent l’article à la rédaction en chef de So Foot, et Christophe est recruté.

Au début discret, il trouve très vite un endroit dont il a toujours rêvé : « un îlot de liberté qui permet de faire le journalisme que j’aime et qui me ressemble », explique-t-il. Christophe Gleizes devient alors « Gleizou » et, passionné par le terrain, commence ses grands voyages, à la recherche de bonnes histoires, notamment sur le continent africain, où il a vécu enfant et pour lequel il conserve une fascination intacte.

Avec le temps, quelques-uns de ses articles pour So Foot feront date : son enquête sur le trafic d’âge des joueurs africains rêvant de football européen, en 2015 ; son long reportage sur la campagne municipale de Bonaventure Kalou dans son village de Côte d’Ivoire, en 2018 ; les CAN, aussi ; ou encore la quasi-intégralité du numéro 100 % Samuel Eto’o, réalisé au Cameroun à l’été 2022.

Pour signer la pétition appelant à la libération immédiate de Christophe Gleizes lancée par RSF et So Press.