Le « winter arc », cette tendance d’automne qui a de quoi faire culpabiliser tout le monde
RÉSEAUX SOCIAUX – Vous voulez changer de vie, devenir la personne que vous avez toujours rêvé d’être et impressionner tous vos amis en trois mois ? La promesse sonne comme une arnaque, et elle n’en est pas très éloignée : après les injonctions au « summer body », c’est l’heure du « winter arc » (« arc de l’hiver », en français), tendance phare de ce mois d’octobre sur les réseaux sociaux.
Présenté comme un défi pour tirer le maximum des derniers mois de l’année, le « winter arc » propose de ne pas attendre la nouvelle année pour les bonnes résolutions, et de commencer à prendre de nouvelles habitudes trois mois avant le 1er janvier. Si l’idée a l’air inoffensive, son exécution très stricte est un peu trop extrême pour de nombreux internautes, qui témoignent de leur lassitude devant une énième tendance culpabilisante.
Les règles du « winter arc »
Les principes de cet arc de l’hiver sont rigoureux, et varient selon qu’ils concernent les hommes ou les femmes. Sous prétexte d’améliorer son corps et son esprit, la tendance compte plusieurs règles. Elle implique d’abord de faire du sport de trois à cinq fois par semaine mais aussi de transformer son alimentation (l’arrêt de la malbouffe et de l’alcool est cité régulièrement) pour être méconnaissable en janvier.
On lit aussi qu’il est capital d’éviter toute distraction et de passer en mode « fantôme », y compris avec ses proches, pour se concentrer sur ses objectifs, ainsi que de « s’entraîner mentalement » en travaillant à son développement personnel plusieurs heures par jour grâce à la lecture, la tenue d’un journal et la baisse de son utilisation des réseaux sociaux.
Enfin, paramètre d’importance, tous les règlements mentionnent l’obligation de dormir au moins sept ou huit heures par nuit. Pour les hommes, les posts sur les réseaux sociaux mentionnent presque toujours deux règles supplémentaires : arrêter de regarder des contenus pornographiques, et arrêter « les femmes », considérées comme une distraction.
Des injonctions à l’isolement et à l’hyper productivité
« Une énième façon de martyriser les gens en essayant de faire d’eux une “meilleure version d’eux-mêmes” » se désole une utilisatrice de TikTok, qui voit dans ces règles strictes une manière de faire culpabiliser celles et ceux qui voudraient les suivre. Elle s’agace par ailleurs de l’injonction à la productivité qui pèse sur la santé physique et mentale. « C’est du bien-être ou des KPI [indicateurs de performance utilisés par les entreprises, ndlr] ? C’est un corps humain ou une SASU [société par actions simplifiée unipersonnelle, ndlr] ? », peut-on lire en légende de sa vidéo.
« Sur les réseaux sociaux, on est vraiment harcelés d’invitations à voir notre vie personnelle selon une logique productiviste », abonde une autre utilisatrice. « Tu n’as pas besoin de te réinventer », rassure-t-elle à destination de son audience. Pour elle, il n’y a pas de problème à tenter de construire des nouvelles habitudes, mais elle invite à la prudence face à celles que les réseaux sociaux choisissent pour nous et à prendre le temps de trouver celles qui nous correspondent, individuellement.
En commentaire, une personne alerte également sur l’isolement généré par cette tendance. « J’aime pas l’idée de “On ne voit plus personne, on ne fait pas de rencontre, on ne sort pas, on se recentre sur soi-même” dans la pire saison pour faire une dépression saisonnière », souligne-t-elle. D’autres assument avoir simplement envie de douceur : « L’hiver, il fait froid, il pleut, laissez-nous être cosy chez nous et nous lever tard ».
À celles et ceux qui seraient emballés par cet « arc de l’hiver », la vidéaste invite donc à faire attention à rester bienveillants envers eux-mêmes. « Il faut arrêter de vouloir toujours se discipliner, s’autoflageller… Respire, ça va aller. »
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