L’hyper favori du Ballon d’Or 2024 mène un autre combat tout aussi important
FOOTBALL – Il y a très peu de chances que le Ballon d’Or 2024 lui échappe lors de la remise du trophée ce lundi 28 octobre au Théâtre du Châtelet à Paris. Grandissime favori des bookmakers, le Brésilien Vinicius Junior présente de solides références avec la Ligue des champions et la Liga remportées avec le Real Madrid la saison dernière. Des trophées collectifs auxquels il faut ajouter individuellement une vingtaine de buts et une dizaine de passes décisives.
Voir l’attaquant de 24 ans remporter le trophée tant convoité serait en plus doublement symbolique : il deviendrait le premier Brésilien sacré depuis Kaka en 2007 ; mais surtout, ce serait l’occasion de couronner un joueur qui se bat depuis maintenant plusieurs saisons contre le racisme dans les stades, notamment espagnols où le fléau perdure.
Depuis son arrivée au Real Madrid en 2018, Vinicius Junior est la cible régulière des supporters adverses en Liga, parmi lesquels les actes et comportements racistes se sont presque banalisés au fil du temps.
Ces actes sont devenus de plus en plus fréquents depuis 2021, ce qui correspond à peu près au retour des spectateurs en tribunes après la crise sanitaire du Covid-19. C’est aussi à ce moment-là que le Brésilien s’est imposé comme l’un des meilleurs joueurs du championnat espagnol, permettant à son club de remporter deux Ligue des champions et deux Liga (en 2022 et 2024).
Le joueur a fini par devenir une figure de la lutte antiraciste sur la pelouse, dénonçant à plusieurs reprises les comportements racistes le visant sur les réseaux sociaux.
Quand le joueur craque face à la presse
Il est aussi arrivé qu’il craque face à toute cette haine envers lui. Comme le 25 mars dernier lorsqu’il a pris la parole en conférence de presse avant un match amical Espagne-Brésil. « Je suis désolé. Je veux juste jouer au football. Je veux juste jouer, je veux tout faire pour mon club et pour ma famille et que les personnes noires ne souffrent plus jamais », s’était-il livré, avant de fondre en larmes.
« Depuis la première fois que je me suis plaint de racisme en Espagne, la situation n’a cessé de s’aggraver… Ils m’insultent à cause de ma couleur de ma peau pour que je joue moins bien sur le terrain » avait-il déploré.
Vinicius Junior avait aussi pointé du doigt à cette occasion le laxisme des institutions ibériques : « l’absence de punition est ce qui me frustre le plus, que toutes ces personnes continuent puis s’en aillent sans qu’il ne se passe rien ensuite. »
Un combat qui l’a mené à une véritable passe d’armes avec le gouvernement espagnol au début du mois de septembre. Le joueur avait indigné au plus haut sommet en suggérant de confier la co-organisation de la Coupe du monde 2030 à un autre pays que l’Espagne en raison des insultes racistes récurrentes dans les stades du pays. « Le respect de la diversité fait partie de notre ADN », avait sèchement répondu le ministre de l’Intérieur Fernando Grande-Marlaska. « C’est une des priorités du gouvernement d’Espagne et du ministère », avait-il ajouté.
Un mannequin à son effigie pendu
Pour le moment, seuls certains des incidents racistes le visant ont donné lieu à des sanctions. La semaine dernière, quatre personnes impliquées dans une campagne visant le Brésilien avant le derby de Madrid entre le Real et l’Atlético le 29 septembre dernier ont été interpellées pour incitation à la haine, après avoir appelé les supporters de l’Atlético à venir au match avec des masques pour pouvoir l’insulter sans pouvoir être identifiés.
En juin 2023, quatre supporters ultras de l’Atlético, accusés d’avoir pendu un mannequin à l’effigie de Vinicius Junior à un pont de la capitale espagnole, avaient été interdits de stade pendant deux ans par les autorités espagnoles.
Le 26 septembre dernier, un supporter du club espagnol de Majorque a été condamné à 12 mois de prison et trois ans d’interdiction de stade pour des insultes racistes visant la star du Real Madrid. Il s’agissait de la troisième condamnation pénale prononcée ces derniers mois pour des insultes racistes à l’encontre de joueurs du Real Madrid, dont « Vini ».
Le 10 juin, trois supporters de Valence avaient aussi été condamnés à huit mois de prison pour avoir proféré dans le stade de leur club en mai 2023 des insultes racistes visant déjà l’attaquant brésilien. Après cette rencontre, le quotidien sportif Marca avait réclamé dans une Une marquante un changement radical de mentalité en Espagne sur le sujet.
Preuve que le racisme dans les stades espagnols est devenu systémique : ce week-end lors du « clasico » Real Madrid-FC Barcelone, ce sont cette fois des supporters du club de Vinicius Junior qui ont été les auteurs de comportements racistes, avec des insultes ciblant les Barcelonnais Lamine Yamal et Alejandro Baldé. Le club madrilène a aussitôt condamné ces faits, assurant avoir ouvert une enquête « afin de localiser et d’identifier les auteurs de ces insultes déplorables et méprisables, afin de prendre les mesures disciplinaires et judiciaires appropriées ».
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