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Pour certains, le portrait avantageux de la France à la cérémonie des JO est loin de la réalité

REPRÉSENTATION – « Je veux vivre dans le pays que vous avez mis en scène ce soir. » Ce tweet, adressé à Thomas Jolly, le cerveau derrière la cérémonie d’ouverture des JO, reflète la dissonance cognitive ressentie par certains face au spectacle présenté ce vendredi 26 juillet. Plus de trois heures d’inclusivité, de sororité, de célébration de la différence et d’esprit de contestation. Le tout dans une année marquée par la percée du RN et la violence des débats sur les questions identitaires.

Sans surprise, le show a crispé l’extrême droite mais beaucoup séduit à gauche. Marine Tondelier s’est amusée : « Je suis en train de lire tous les tweets de l’extrême droite sur cette cérémonie d’ouverture. Je vous confirme : elle est très réussie. » Tandis que Sandrine Rousseau a salué ce qu’elle considère comme « la meilleure réponse à la montée du fascisme et de l’extrême droite ».

Mais derrière les valeurs progressistes mises en avant par les organisateurs de la cérémonie, beaucoup soulignent un tableau bien loin de la réalité. « Le monde a vu une France riche et fière de sa diversité, alors que le contexte politique souligne la forte crispation identitaire qui divise notre pays », résume ainsi l’historienne Sandrine Lemaire auprès de Télérama.

« Ça donne vraiment envie de vivre dans ce pays »

Sur les réseaux sociaux, de nombreuses réactions la rejoignent. Un utilisateur de X ironise « J’vous jure pendant toute la cérémonie j’ai cru qu’on avait un gouvernement de gauche, c’était trop bien ». Quand une autre s’interroge : « La vraie question c’est comment on peut vendre une telle cérémonie au monde, et se faire défoncer par la BRAV-M à chaque manif, se faire refuser l’entrée dans les boîtes, et n’avoir que des chaînes d’extrême droite en boucle sur le danger wokiste… »

Sur Instagram, le médecin et romancier Baptiste Beaulieu se demande aussi où est ce pays dans lequel on a « vraiment envie de vivre ».

La cérémonie serait-elle même un peu hypocrite ? Dans Télérama, Sandrine Lemaire poursuit : « Il est clair que l’image internationale de la France qu’elle alimente, grande de sa diversité et sa modernité, est bien différente du récit intérieur qu’[Emmanuel Macron] mène dans sa pêche aux voix, plus rigide et plus proche de l’extrême droite. Cette cérémonie ouverte sur le monde est très éloignée de l’entre-soi dans lequel nous enferme la politique française. »

« Il aurait fallu faire quoi du coup ? »

Si le contraste entre la réalité politique et la parenthèse festive et inclusive de la soirée de vendredi a marqué beaucoup d’esprits, tout le monde n’est pas d’humeur critique. Face aux accusations d’hypocrisie, cette utilisatrice de X questionne : « Il aurait fallu faire quoi du coup ? Un défilé militaire avec la famille Le Pen sur un paquebot ? »

Et de poursuivre : « Je trouve aussi ce point de vue très dur, ou disons vite en besogne, dans le jugement des auteurs, concepteurs, artistes… On ne peut pas les croire sincères dans cette démarche d’écriture et de mise en scène ? Ayant profité d’une plateforme folle pour envoyer un autre symbole ? »

Du côté des concepteurs de la cérémonie justement, on revendique un message clair. Pour Thomas Jolly, « hier soir, c’était des idées républicaines, c’était des idées d’inclusion, c’était des idées de bienveillance, de générosité, de solidarité dont nous avons follement besoin ».

Un parti pris qui ne fait pas oublier la réalité mais offre d’autres perspectives. « Évidemment, ce n’est pas parce qu’on met en scène une statue de Louise Michel qu’on oublie que des Gilets jaunes, qui convoquaient aussi cette figure, ont été éborgnés, résume l’historienne Mathilde Larrère dans le Nouvel Obs. Mais après les semaines de crispations identitaires, racistes et transphobes que l’on a vécues, les dernières années même, je retiens que cette cérémonie a été pensée comme anti-CNews, et je m’en réjouis. »

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