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Pourquoi la tour des juges va bien être construite à Teahupo’o pour les JO

JO DE PARIS 2024 – Supprimer la tour pour faire taire les critiques ? À moins de huit mois des Jeux olympiques, ce n’est pas la solution, répond Tony Estanguet. Le président du comité d’organisation des JO 2024 (Cojo) a affirmé au cours d’une conférence de presse, ce mercredi 20 décembre, qu’une nouvelle tour des juges serait bel et bien construite sur le site de Teahupo’o, en Polynésie français. Une réponse ferme et définitive à la proposition de la Fédération internationale de surf (ISA) de se passer de cette structure, au cœur d’une vaste polémique qui dure depuis des mois.

L’ISA a en effet proposé au gouvernement polynésien ainsi qu’aux organisateurs des JO, mardi 19 décembre, de supprimer la tour controversée et de juger l’épreuve grâce à des images aériennes et prises depuis le rivage et la mer plutôt que depuis la tour. Une manière pour la Fédération de mettre un terme à la polémique en contentant les défenseurs de l’environnement, qui s’opposent à l’érection d’une tour pouvant endommager les coraux, tout en proposant une alternative permettant de conserver le spot choisi par l’organisation des Jeux de Paris.

Mais cette option sans tour a donc été balayée d’un revers de main par Tony Estanguet, expliquant qu’elle avait « déjà été expertisée et étudiée récemment, et n’[avait] pas été jugée possible », comme il l’a expliqué depuis le siège du Cojo.

Défis techniques et en matière de sécurité

D’abord, selon Tony Estanguet, se pose le problème de l’« équité sportive ». Sans tour, les juges évalueraient donc « de la plage, à 800-900 mètres des surfeurs et de la vague », à partir d’images tournées par des caméras et des drones, explique-t-il. Ce qui implique que les films soient d’une excellente qualité et pris selon exactement les mêmes angles pour tous les concurrents si l’on veut qu’ils soient notés correctement.

« C’est un réel défi technique », a poursuivi Tony Estanguet, qui argue qu’il n’y a pas de « faisabilité avérée de la capacité à télédiffuser les compétitions de surf ». En d’autres termes, pour le patron du comité d’organisation, expérimenter ce mode d’évaluation lors d’une épreuve aussi importante que celle des JO n’est pas souhaitable.

Ensuite, Tony Estanguet juge qu’une option sans tour n’est pas raisonnable « en matière de sécurité ». Il rappelle que, depuis cette haute structure, on « coordonne la sécurité, on fait venir les sauveteurs en cas d’incident ».

« C’est un peu tard pour se réveiller »

Pour ces deux raisons, le président du Cojo insiste sur le fait que sa décision est prise et qu’il ne reviendra pas en arrière. Il ajoute que l’option de construire une nouvelle tour, tout en limitant l’impact sur l’environnement, « a été prise à la quasi-unanimité » par les autorités de la Polynésie française, qui ont rassemblé différents acteurs, experts et associations. Et de rappeler que « ce n’est pas la Fédération internationale de surf qui a le dernier mot », même si elle a évidemment voix au chapitre.

« Le projet continue, c’est le souhait des acteurs locaux réunis derrière leur président Moetai Brotherson », a encore insisté Tony Estanguet. Le président polynésien a, lui, expliqué mardi à un journaliste de l’AFP qu’il ne fallait « pas se réveiller au moment du buzz ». Une manière de dénoncer cette proposition d’une option « sans tour » à quelques mois seulement des Jeux : « L’ISA est associée depuis le début à ces épreuves de surf des JO. C’est un peu tard pour se réveiller ».

Depuis plusieurs mois, la tour en aluminium destinée aux juges de l’épreuve, et qui remplace une tour en bois qui n’est plus aux normes, est au cœur de tensions entre les autorités, les organisateurs des JO et les populations locales, notamment après la construction d’une berge qui avait détruit des coraux.

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