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Pourquoi la victoire du PSG en Ligue des champions ne va pas forcément profiter tout le foot français

FOOTBALL – Dès le lendemain du sacre du PSG en Ligue des champions, les grandes phrases ont fusé : « C’est une victoire pour tout le football français », « un nouveau départ pour la Ligue 1 », « une locomotive pour les clubs pros ». Alors oui, on peut se réjouir parce que des joueurs formés en France comme Bradley Barcola, Ousmane Dembélé ou Désiré Doué ont brillé, parce qu’un club français a enfin remporté la C1.

Mais concrètement, qu’est-ce que ça change pour Laval ? Pour Angers ? Pour Reims, relégué après huit années dans l’élite ? Des villes où on a pu fêter la victoire de la bande d’Ousmane Dembélé, sans que la nuit dorée de Munich n’arrange pour autant les affaires locales. Car le PSG a gagné, oui. Mais le football français et ses déboires, eux, sont restés toujours là. Penser l’inverse reviendrait à affirmer qu’une soirée d’ivresse effacerait tous les soucis du quotidien…

Christophe Bouchet, ancien président de l’OM et fin observateur de l’économie du football, dresse le tableau : « Qu’un club né en France remporte la Ligue des champions, c’est toujours un signal fort pour notre football. Est-ce que le PSG est représentatif du foot français ? Pas vraiment. Mais cette victoire attire l’attention sur notre pays, notre capitale, et sur le football hexagonal, même si ni Paris ni le PSG n’avaient particulièrement besoin de ce coup de projecteur. »

Des disparités financières qui risquent de s’accroître

Une attention mondiale, certes, mais pour quel impact réel ? On aimerait nous faire croire à un effet d’entraînement (ou de ruissellement pour reprendre le lexique macronien), celui d’un PSG modèle pour la Ligue 1. Soyons clairs : Paris est une fusée, et cette fusée a mis 13 ans pour être prête, bénéficiant des moyens démesurés d’un état étranger pour décoller. Pendant ce temps, les autres clubs restent englués dans leurs galères, notamment budgétaires.

Le premier symptôme, ce sont les droits TV. « La gestion calamiteuse des droits télé par la LFP ne sera pas effacée par une victoire en Ligue des champions », déplore Christophe Bouchet, auteur de Main basse sur l’argent du foot français (Ed. Robert Laffont, 2023), se penchant sur l’accord passé entre la LFP et le fonds d’investissement CVC. Jacques Piriou, président de l’US Concarneau, n’imagine pas non plus un bouleversement à ce niveau-là : « Soyons honnêtes, ça ne changera pas la donne pour un Concarneau-Rodez ou un Lorient-Toulouse : les diffuseurs ne paieront pas plus pour ces affiches. En revanche, le football français a besoin de locomotives, et aujourd’hui, c’est clairement le PSG. »